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Animator Dormitory, Netflix, Otaku Coin,... La situation de l'animation au Japon, problèmes endémiques et recherche de solutions... :/
[Analyse]
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9 février 2021
12:11 pm
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Gribouille Sensei
Forum Posts: 10969
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26 juin 2013
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Sinon, côté salaire de misère, la situation n'a pas l'air d'évoluer des masses... dry

25 février 2021
18:21 pm
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Gribouille Sensei
Forum Posts: 10969
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26 juin 2013
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C'est une petite révolution en soi mais The New York Times a fait un article assez complet sur la situation dans le milieu de l'animation japonaise, qui rebondit d'ailleurs sur la vidéo précédente et le choc que certain ont eu de découvrir qu'on pouvait bosser en anime et se faire moins de 200$ par mois. ouuuups

Alors oui, c'est un truc qu'ici on couvre depuis presque 3 ans, mais c'est pas comme si le forum avait une audience qui comptait pour quoi que ce soit par rapport à un journal "Mainstream" US comme The New York Times... rolleyes

Reste à voir si un de ces quatre matin la presse française va se réveiller et parler elle aussi du sujet de façon sérieuse. Parce qu'il convient de rappeler que côté animation japonaise, on est encore parmi les plus gros consommateurs mondiaux. Après, il a fallut des années et des années pour que la presse mainstream française arrête de pondre un article en Juillet pour se foutre ouvertement de la gueule de Japan Expo et reconnaître l'Event pour ce que c'était réellement.

Donc on va pas placer nos attente trop haute en ce qui concerne les détails de la prod d'anime jap : ça doit encore à l'heure actuelle leur passer un peu trop au dessus pour qu'ils pensent à s'attarder sérieusement sur le sujet... whistle

 

20 mars 2021
17:56 pm
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Gribouille Sensei
Forum Posts: 10969
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26 juin 2013
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Alors, y'a quand même un truc dans les séries d'animation japonaises qui gave absolument tout le monde : le fait d'avoir adoré une série mais de ne pas franchement être sur d'avoir un jour la suite... Très souvent d'ailleurs, cette suite existe en Manga / LN / Jeux vidéo, à l'exception des séries originales. Or, même si on a fâcheuse tendance à réduire les séries japonaise à « principalement une pub de Luxe pour l’œuvre de base » (ce qui n'est pas toujours le cas), on ne doit pas pour autant sous-estimer la valeur de l'Anime elle même. Même dans la série Shirobako, le réalisateur se pose la question de ce qui est mieux entre suivre à la lettre le manga ou se préoccuper aussi des gens qui ne verront que l'Anime. confused

Or, même des œuvres très populaires ont parfois un mal fou à avoir une saison 2, 3, etc... Et, paradoxalement, même quand l'équipe de prod est de base partante pour faire une suite. C'est le cas d'une série dont la suite vient d'être annoncée ces dernières semaines : Hataraku Maou Sama ! (ou « Le Diable travaille au McDo » sneaky).

C'est assez marrant parce que, personnellement, c'est justement l'Anime qui m'a fait prendre conscience du problème à l'époque... Il y a 8 ans de cela ! Oui, la première saison de l'anime a fini sa diffusion en Juin 2013 ! Et donc la 2ème saison aura bel et bien mis 8 ans à arriver ! gah

Jetons un œil a d'autres cas semblables :

Working !! :
S1 : 2010
S2 : 2011
S3 : 2015 (soit 4 ans d'attente entre la S2 et la S3)

One Punch Man :
S1 : 2015
S2 : 2019 (soit 4 ans d'attente entre la S1 et la S2)

Re:Zero :
S1 : 2016
S2 : 2020 (soit 4 ans d'attente entre la S1 et la S2)

World Trigger :
S1 : 2014-2016
S2 : 2021 (soit 5 ans d'attente entre la S1 et la S2)

A Certain Magical Index :
S1 : 2008-2009
S2 : 2010-2011
S3 : 2018-2019 (soit 7 ans d'attente entre la S2 et la S3)

On va s'arrêter la mais y'en a plein d'autres, et il faut surtout noter que la totalité de ces séries étaient des séries à succès au moment de leur diffusion au Japon.

Délirant non ? Surtout au pays de la surproduction d'animation... Sauf qu'en fait c'est justement très souvent cette surproduction qui est un des facteurs de ces retards totalement hallucinants. Car oui, le problème est très souvent que ces suites n'ont pas été négociées avant la diffusion de la première saison mais une fois le succès constaté à la fin de celle-ci. Et même dans le cas ou il existe déjà plusieurs saison, ça n'est pas forcément plus simple après. unsure

Pour comprendre un peu plus, voici un Thread Twitter qui parle de ce sujet :

Je vous rajoute aussi une très courte vidéo d'Otaquest, par notre ami Canipa, qui se focus sur la question de « l'espoir est-il permis » et des raisons effectives d'espérer une suite, aussi improbable semble-t-elle.

Mais donc voilà, quand vous planifiez une série au Japon, où vous prévoyez sur le long terme, avec un planning sérieux, et la volonté de garder la même équipe, le même studio, pour la totalité du projet... Et ça donne, par exemple My Hero Academia. Où bien vous attendez de voir et... Bah même si le succès est au rendez-vous, si vous n'avez pas planifié la suite à l'avance, ça devient galère.

C'est d'ailleurs ce qui est arrivé à Hataraku Maou Sama ! Je n'ai pas réussi à retrouver la source (vu que ça fait 8 ans, quand même) mais à l'époque j'avais lu une interview qui précisait qu'à la vue du succès de cette S1, un « Feu Vert » théorique avait été donné à la production de la S2... Mais qu'il y avait un énorme problème de calendrier : le Studio et les équipes étaient déjà Booké sur d'autres prod pour les mois à venir, et donc ne pouvaient pas enchaîner sur la prod de la S2, qui n'était pas prévue au départ. wacko

Or, quand vous avez une production aussi intense, avec un nombre de titres affolant qui apparaissent tous les ans, ça peut vite se cumuler au point ou même si sur le papier vous aviez tous le monde partant pour cette suite, ça ne soit tout simplement plus possible avec le même studio ou la même équipe... Et que donc il faille aller chercher quelqu'un pour reprendre le projet.

Et surtout, quelqu'un qui a une place dans son planning pour ça, avec une Team qui peut assurer derrière. action-check-sharp-thick_png

Dans le cas d'Hataraku Maou Sama !, ce changement d'équipe se traduit principalement par une différence assez visible dans le Character Design, mais en même temps y'a rien d'affolant. Pour le cas de One Punch Man S2, par contre, ça avait fait flipper beaucoup plus de monde, mais les gens avaient du mal à comprendre que la Team de la S1 était une telle wlemoticon-star_pngAll Star Teamwlemoticon-star_png qu'il était presque impossible de demander à JC Staff de réussir à réunir tout ce petit monde une nouvelle fois (ils étaient tous bien occupés ailleurs rolleyes).

J'en profite pour rappeler que dans ce cas c'est bel et bien la Team qui est responsable de la qualité, et non pas le Studio. JC Staff aurait très certainement réussi à renouveler l'exploit de la S1 de One Punch Man si toute la Team avait été dispo et partante. Le fait que ça ne soit pas Madhouse qui soit à la tête de la prod n'a que peu d'influence par rapport à ça. dry

Le truc c'est qu'il y a un stade ou même le fait qu'on sache que les fans sont sur les dents pour la suite, ne rend pas pour autant plus facile le projet : vous avez des attentes qui se créent du côté des fans alors que de l'autre côté vous avez parfois de moins en moins la possibilité de satisfaire ces attentes à 100% : calendrier surchargé, personne non disponibles, œuvre de base ayant pris une ampleur parfois difficile à gérer... mellow

C'est d'ailleurs un peu le cas de la S3 de A Certain Magical Index, qui aura été attendu très très longtemps par des fans qui ne démordaient pas, et surtout voulaient voir l'adaptation fidèle de ce qu'ils connaissaient déjà (pour une bonne partie d'entre eux) après avoir lu le LN. Problème, on a clairement demandé au réalisateur et à sa Team d'adapter un morceau trop important du LN avec trop peu d'épisodes pour le faire.

Beaucoup de fans ont eu la haine un peu facile et ont même insulté le Réalisateur sur les RS à la fin de la diffusion, pour des choses qui malheureusement n'étaient pas forcément possible de régler à son niveau. Et ça doit pas être facile à gérer, malheureusement... sad

Du coup, plus une série est vraiment populaire et attendue, plus il faut être prudent. Par chance pour Hataraku Maou Sama ! ça a été l'inverse : plus personne n'y croyait, donc pas de pression, et l'annonce a été prise plutôt comme une bonne surprise par tous les fans de l’œuvre. happy

Dans tous les cas, ça prouve que le système de production japonais est quand même en Overclock total. Et qu'un de ces 4 matins ils vont peut-être se réveiller avec le fait de ne plus pouvoir gérer les productions de séries pourtant incontournables (Et la production de la dernière saison d'Attack on Titan est sans doute un exemple de ce qui les attend de ce côté là pour plus tard... whistle).

28 mars 2021
18:21 pm
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Gribouille Sensei
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26 juin 2013
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Analyse de la situation de la production d'animation en 2019-2020 (Rapport AJA)

Vous vous rappelez peut-être qu'il y a un peu plus d'un an j'avais évoqué rapidement un rapport sur le marché de l'animation japonaise, plaçant la barre des revenus globaux à environ 2.1 billions de ¥ /18 milliards de $. Ce rapport était issue de AJA, The Association of Japanese Animation, et cette fois-ci nous allons jeter un œil à leur version concernant les chiffres de 2019-2020. Cette étude est en japonais mais pour l'étranger ils ont quand même prévu une version résumé en anglais (téléchargeable en format PDF ici) qui malheureusement prouve que leurs analyses sont très très loin d'être sans défaut. unsure

Alors déjà, petite note pour les gens qui vont lire le PDF : les billions et autres trillions ne marchent pas en anglais comme en français. En effet, ce sont de faux amis. Chez nous l'ordre est million, milliard, billion, billiard, trillion, trilliard, etc (échelle longue). En anglais par contre, il n'y a pas de milliard et ça donne million, billion, trillion, quadrillion, etc (échelle courte). Donc quand le rapport parle de « trillions », c'est en fait des billions chez nous. rolleyes

Commençons par regarder les chiffres de 2019, ou l'on constate que le marché est encore en hausse, ce depuis 10 années consécutives. Il atteint les 2.51 billion de ¥, soit environ 23 milliards de $, ce qui est bien plus que ce que j'avais supposé moi même dans le post de fin 2019. La somme est répartie en 2 grosses catégories : environs 12 milliards de $ pour le marché Domestique (Japon) et 11 pour l'International. On assiste donc à une hausse de 15% environ par rapport à 2018, ce qui semble aussi être une surprise pour les rédacteurs du rapport, qui ne s'y attendaient pas trop non plus. A noter qu'on s'attendait par contre à ce que l'International finisse par peser plus lourd que le Domestique mais ce n'est pas encore le cas. Ceci est principalement dû à un ralentissement sur le marché Chinois, avec pas mal de nouvelles restrictions touchant la vente des programmes venus de l'étranger.

Attardons nous un instant sur ce marché Chinois, qui est quand même relativement important. Il faut savoir qu'il y a beaucoup de fans d'animation japonaise en Chine, mais aussi que le marché de l'animation Domestique est en plein Boom. De ce fait il y a actuellement plus de concurrence sur ce marché qu'avant, et il faut rajouter à cela les fameuses mesures gouvernementales concernant l'import de programmes TV / films cinéma en Chine. Notre amis Canipa l'évoquait d'ailleurs dans un Thread Twitter, avant d'aborder un autre aspect très intéressant de ce marché mondial de l'animation japonaise.

En effet, si les chiffres de l'International n'ont pas dépassé les 50% de la somme globale, le fait qu'il y ait eu un coup de frein en Chine a été assez bien compensé par le développement du marché US, principalement. Et on doit effectivement noter que, aussi bien pour les USA que pour l'Europe, une bonne partie des distributeurs qui existaient localement ont été rachetés, directement ou indirectement par Sony. Et quand ils n'ont pas été rachetés, ils ont au minimum des liens assez directs avec la production japonaise (cela concerne Funimation, Crunchyroll, mais aussi ADN ou Wakanim). En dehors des géants de la SVOD comme Netflix ou Amazon, c'est donc principalement les acteurs du marché japonais de l'animation qui contrôlent la diffusion mondiale de leurs produits. ph34r

Globalement, sur 2019 ce sont les films d'animation au cinéma, avec +62% par rapport à 2018 (sans doute un peu aidé par Weathering with You), et le Streaming avec ses +15%, qui ont contribué à la bonne santé du marché. Concernant le cinéma, le record de 2016 (l'année de Your Name : 66.3 milliards de ¥) est donc tombé, avec un nouveau record de 69.2 milliards de ¥. Mais il faudra sans doute surveiller les chiffres définitifs de 2020 car avec Kimetsu no Yaiba : Mugen Train, on a de grande chance que le record tombe de nouveau. sneaky

Le Streaming est donc aussi l'un des grands gagnants de l'année, comme un peu partout dans le monde. En 2020, on notera bien sur une accélération suite aux mesures prises pour lutter contre la pandémie, qui ont fait que beaucoup plus de gens sont restés chez eux, avec pas mal de temps à consacrer à leur petit écran. Le rapport note l'exemple de Netflix, qui après avoir gagné 3 millions d'abonnés au Japon en 4 ans, en a récupéré environs 2 millions de plus rien qu'entre Septembre 2019 et Septembre 2020 ! De plus, la production d'animation a beau avoir été impactée elle aussi (beaucoup de prod ont connu des délais, qui ont surtout affectés les diffusions TV), elle l'a été beaucoup moins durement que la production de programmes types séries et films Live, ce qui lui aura donné plus de poids sur ce marché.

Et c'est un peu à partir de ce moment la que les analyses dans ce résumé du rapport AJA commence à déraper sévère... omg

D'ailleurs, comme d'habitude, les plus fins analystes, comme Kvin ou Canipa, ne vont pas tarder à tomber sur les os un peu trop nombreux dans les affirmations douteuses du rapport, qui prend des largesses assez hallucinantes avec un truc que tout le monde connaît (ou devrait connaître, mais de nos jours c'est presque un luxe) et qui s'appelle LA RÉALITÉ ! tongue2

Alors ça c'est le paragraphe qui a du en faire sursauter plus d'un dans le milieu de l'animation au Japon, et même dans les gens qui suivent le sujet sur notre Topic ou ailleurs depuis des années : le fait qu'en moyenne, le salaire annuel des « créateurs d'animation » soit supérieur à celui d'un travailleur lambda dans le secteur privé... Woah ! Fallait quand même l'oser, celle-là... blink

Faut être sincère : ça fait littéralement des années qu'on observe et étudie la chose d'assez près et la conclusion, même encore actuellement, c'est que les gens sont relativement mal payer dans le milieu de l'animation. Et plus on descend dans la hiérarchie de la prod, plus les salaires sont eux aussi ridiculement bas. On considère encore maintenant, sur des chiffres de 2019-2020 qu'un animateur junior ne se fait que l 'équivalent de 750-1000 $ au mieux en un mois de travail, ce qui est misérable, surtout quand on prend en compte les heures sup jamais comptées et le niveau d’exigence de qualité du travail. sad

Du coup, comment le rapport AJA s'en sort pour affirmer quelque chose comme ça ? Il élargi beaucoup, beaucoup trop le champ de la catégorie des « créateurs d'animation » pour y inclure autant les tout petits que les très très gros, comme les producteurs ou même... Les « Licensors », ou « Concédant de Licences » en droit français. On parle ici des ayants-droit en fait, ou au minimum des gens qui sont chargés par ces derniers de négocier / vendre ces droits à toutes personnes qui voudrait en faire l’acquisition a des fins, par exemple, d'adaptation en série / film d'animation. Autant vous dire que ces gens ne pèsent PAS DU TOUT le même poids qu'un junior en matière de salaire. ouuuups

Du coup, faut bien le dire, cette moyenne c'est de la connerie en barre... bad

Après, vous avez aussi un paragraphe entier sur le fait que le coût de la minute d'animation a augmenté ces dernières années dans la prod japonaise. C'est effectivement le cas, pour des raisons comme le passage à la HD, voir même dans certains cas pour les films au 4K, ce qui coûte cher... Sans oublier, bien sur, tous les investissements qu'il aura fallut faire pour continuer à travailler pendant la pandémie actuelle. C'était certes plus facile que pour le Live, comme je le disais plus haut, mais ça a bien sur pesé sur les coûts de production. manvsmachine

Mais ils abordent aussi les questions de qualité et aussi le fait qu'il fallait respecter les niveaux d'exigence du marché américains qui prenait de plus en plus d'ampleur. Du coup, d'après leur raisonnement, plus de volumes avec plus de qualité, ça implique embaucher plus de gens, plus talentueux, et donc qui sont payé plus cher... Logique ? confused

Ouais, on sait tous ce que donne le « Reality check » de ce genre de théorie fumeuse... dry

Et on sait aussi une autre chose depuis assez longtemps maintenant : la qualité d'un Anime japonais n'est pas forcément lié au budget, mais bien plus au talent de la Team qui s'occupe du projet. Team qui d'ailleurs n'est pas forcément payé plus cher, malgré les ambitions d'un projet... L'inverse est aussi parfaitement possible, comme le prouve le gaspillage de pognon honteux sur tout les points (financier autant que visuel) qu'aura été le projet Ex-Arm : tu peux parfaitement avoir plein de tune et faire que des conneries avec ! No Problem ! whistle

Par contre, les tableaux suivants (page 5 du PDF) parlent d'eux-même, puisqu'il s'agit des revenus par catégorie pour l'animation en général... Sauf que le premier tableau parle des revenus globaux, soit nos fameux 2.51 billion de ¥, et le second parle visiblement de la part du gâteau touché par les différents studios de prod concerné par chaque catégorie, pour un total de 302 milliards de ¥, soit seulement 12% du total des revenus généré par l'animation japonaise au sens large !

Rappel qu'on estimait dans le tout premier Post de ce Topic, en avril 2018 (pratiquement 3 ans), que les studios de production ne touchaient qu'environs 10% du total... La réalité des chiffres est en fait guère mieux. mellow

Sinon, la page 7 est aussi très intéressante pour constater un truc assez triste : la France, qui était pourtant un des plus grand consommateur de Japanime du Monde, est maintenant reléguée à la dernière position du Top 10 mondial du nombre de licences acquises pour 2020. On se retrouve loin derrière les USA, la Chine... Ou même l'Australie... ouuuups

Globalement, l'Europe entière pèse encore 16.2% du marché des licences, contre 11.4% pour l'Amérique du nord (USA + Canada). Mais il faut avouer qu'en terme de licences par pays, on se fait totalement laminer, et y'a pas mal de gens qui sont conscients du problème, à ce que je constate sur Twitter pratiquement tous les jours (exemple perso : pourquoi on a les S1 et S2 de Non Non Byori mais pas la S3 qui est pourtant dispo sur Crunchyroll US ? Je ne comprendrais jamais la logique économique derrière ça... wacko).

Catégorie Trivial amusant, pour finir sur une note plus légère : la page 8 montre qu'encore maintenant, la très large majorité des studios d'animation sont dans la régions de Tokyo, avec 542 studios sur les 622 au niveau national. happy

Dans tous les cas, je pense que les stat de ce rapport sont bonne, mais c'est surtout de leurs interprétations de ces stat dont il faut se méfier. N'oublier pas qu'il ne faut jamais se baser sur une seule sources pour tout ce qui est analyse mais bel et bien faire l'effort d'aller en chercher plusieurs !

(ou de bien lire ce Topic parce qu'on l'a déjà fait pour vous... Bande de petits veinards ! sneaky)

The following users say thank you to Marco Sensei for this useful post:

hunterogue
6 avril 2021
14:47 pm
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Gribouille Sensei
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Pour bien montrer que les conclusion hâtives du résumé du rapport AJA sont complètement à l'Ouest de la réalité actuelle de la prod d'animation japonaise, quelques Tweets récent...

Alors pour replacer le contexte, on parle la de l'anime Wonder Egg Priority (WEP), un des Must See de la saison qui vient de se terminer... Mais voilà, le niveau technique plus la complexité de la narration était tel que ça a fatalement été ingérable sur la fin. Il faut savoir que sur une série de 12 épisode, il y a effectivement un de ces fameux "épisode résumé" fabriqué avec des bout des épisodes précédent. Tout ça pour gagner du temps de prod parce que c'est la panique totale. Mais en même temps, ça permet aussi de livrer 12 épisodes comme prévu, alors que dans les faits la série n'est en réalité pas totalement finie. Vous allez d'ailleurs avoir un "épisode spécial" final qui sortira... En Juin ! gah

Il ne faut pas se le cacher : une des raisons de cet échec est bel et bien le manque de moyens, de temps, pour une série dont le rendu est tout simplement proche de ce qu'on attendrait d'un film cinéma en terme de qualité.

Après y'a aussi ça :

Donc la, on a quand même un des producteurs de la série qui a fini 2 fois à l'hopital pour s'être totalement grillé au boulot... Et la 2ème fois il est revenue au boulot après seulement quelques heures et... AVEC SA PERFUSION. omg

Graine de martyr inconscient qui donne le plus mauvais exemple qu'il soit. bad

Et pour repartir sur la situation général, avec le fait que tout ce boulot de forçat n'est pas payer comme il se doit...

Je me demande combien de temps ça va pouvoir tenir comme ça avant qu'il comprennent qu'il faut coller un coup de frein à la prod, rallonger les temps de prod pour chaque projet et mieux payer les gens... Ou avant que ça explose si rien n'est fait. confused

15 avril 2021
16:05 pm
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Gribouille Sensei
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Dans un effort de transparence, et surtout avec la multiplication des débats autour de la situation dans le milieu de la prod d'animation japonaise, le studio Jichitai Anime a mis à disposition le budget de prod d'une OAV de 20 minutes sur laquelle ils ont travaillé.

Je vous mets ici le tableau traduit en Anglais.

Image Enlarger

Ok... 24k $ pour 20 minutes... Ça nous fait du 1k+ la minute, ce qui est totalement ridicule. En gros, il faudrait au minimum 5 fois plus pour avoir une facture "normale" (on l'avait vu plus haut mais 120k $ c'est un peu le standard pour un épisode de 20 minutes à la Toei par exemple). L'astuce, comme l'explique l'article de Crunchyroll, c'est d'avoir des gens qui font plusieurs boulot mais que tu ne paies qu'une seule fois. En l'occurence, le directeur d'animation du studio en question, aussi auteur du Tweet qui présente le budget, a travaillé au Script, au Storyboard et au poste d'animateur-clé sur cet OAV. "Porter plusieurs casquettes", n'est pas quelque chose de si rare que ça, et même en France on le fait assez souvent. Par contre, il faut s'assurer qu'on est payé par rapport au poste le plus rémunérateur en terme de salaire.

Le résultat est, bien sûr, assez léger techniquement. rolleyes

En même temps, tu ne peux pas demander mieux avec si peu d'argent, et soyons clair : en France on ferait tout au plus 5 minutes sur les 20 avec le même budget. On est donc encore une fois face a une preuve du côté absolument abusé des budget d'animation au Japon, quel que soit le format ou le résultat final. mellow

(Bon, petite note : c'est rare mais il nous arrive parfois de faire pire... whistle)

29 avril 2021
11:10 am
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Gribouille Sensei
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Un Thread de la Chara-deisgner Nishii Terumi (Jojo's Bizarre Adventure) donne une info qu'il va sans doute falloir creuser... confused

Donc, d'après elle, ces dernières année le coût de la production d'un épisode de 25 minutes peut monter à 275-460k $, contre une fourchette de 120-175k $ quand on a commencé à s'intéresser à la question au début du Topic... Moi ça me parait beaucoup trop, surtout quand on voit effectivement les salaires de base des animateurs juniors qui n'ont absolument pas évolué (toujours entre 800 et 1000 $ en début de carrière). Mais il faut aussi rajouter à ça la nouvelle que certaines prod chinoise vont produire leurs Animes au Japon parce que c'est devenu moins cher que de produire en Chine actuellement. wacko

Par contre, on note que le résumé du Rapport AJA (un peu plus haut dans le Topic) parle lui aussi d'augmentation du coût de la prod. Il serait intéressant de savoir dans quelles mesures exactes et aussi pour quelles raisons... Si je vois passer un truc sur le sujet, je le rajouterais ici, mais si vous voyez passer des infos de votre côté, n'hasitez pas non plus. wink

4 mai 2021
10:50 am
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Gribouille Sensei
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Bon, en tout cas la situation Globale est partie pour s'empirer parce que les Comités de Production semble refuser de faire face à la réalité : KADOKAWA viens tout juste d'annoncer que  leur objectif jusqu'à 2023 au moins est de produire environ 40 animes... PAR ANS ! gah

Tout ça alors qu'il y a une crise des vocations, que le milieu est en sur-régime depuis des années, et que les gens sont sous-payés pour le boulot qu'il font... Et ils veulent augmenter la cadence ?? rhaaa

Canipa a fait un "petit" Thread pour traiter de la question, en partant d'une interview OTAQUEST de Seiji Mizushima (le Réa de FMA, ou Kinoshita dans Shirobako aussi. tongue2).

Voici l'interview pour ceux que ça intéresse (VOSTA) :

Sans surprise, comme tout le monde, je suis entièrement d'accord avec ses conclusion : tout ça c'est beaucoup trop et le milieu ferait mieux de diviser par deux le nombre de prod pour laisser soufflers les gens et infecter plus d'argent dans les budget... Et surtout dans les poches des Staff de ces projets.

Actuellement les Producteurs ont même la sale manie de débaucher de plus en plus de jeunes à l'étranger, qui rêvent de bosser sur des prod japonaise... Mais c'est au tarif japonais, donc payé à coup de lance pierre pour parfois une seule scène qui t'aura pris une semaine de boulot. dry

Les solutions sont simples mais ce ne sont pas celles qui rapportent le plus aux fameux Comités de Prod... Le jours ou tout ça va réellement exploser (ce qui s'est déjà produit par le passé), ça va faire des gros dégâts... Mais au point ou ils en sont, je ne suis même pas sur que ça soit suffisant pour leur faire comprendre quoi que ce soit (ils n'avaient déjà pas compris la première fois donc pourquoi ça changerait ?). brooding

(et c'est pas juste de la théorie, c'est eux qui le disent... bad)

UPDATE : Pour être complet, je vous rajoute l'article Cartoon Brew ainsi que l'article ANN (en français) sur le sujet.

25 mai 2021
19:04 pm
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Gribouille Sensei
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Comme on l'avait vu avec le résumé du rapport AJA un peu plus haut, il y a de plus en plus d'argent qui circule dans la prod d'animation japonaise, en total paradoxe avec les faibles salaires et les conditions de travail assez épuisantes qui font fuir jusqu'à 80-90% des juniors de la profession en moins de 3 ans... mellow

Le Post sur Kadokawa (juste au dessus) et son planning de prod nous donnait déjà des éléments de réponse pour expliquer le paradoxe : l'argent ne sert pas à améliorer les conditions de production, mais à tout simplement produire plus pour le marché, de façon à satisfaire les besoins liés à son expansion à l'international.

MAPPA en est l'exemple le plus récent, ayant alimenté le sujet après la sortie d'un article sur ANN, rapportant le sentiment « d'aller à l'usine » d'un de ses ex-employés. On y reviendra plus tard car en fait, avant cela vous aviez pourtant pas mal de signaux qui allaient dans ce sens, concernant l'ambiance dans le studio.

Déjà, personnellement quand j'ai récemment vu le nombre de projets assez lourds sur lesquels ils travaillaient, j'ai commencé à m'inquiéter un peu : Jujutsu Kaisen, la suite de SnK, l'annonce de l'anime de Chainsaw Man... J'en plaisantais même avec une amie jap à moi qui constatait que presque tout les trucs qu'elle avait aimé récemment en Manga allaient passer par ce studio, et que du coup ils allaient très certainement être un peu débordé (忙しい) les pauvres... On en rigolait mais y'avait un peu d'inquiétude, comme de plus en plus souvent de la part des fans (ce qui est une bonne chose happy).

Il faut, pour le coup, remonter pas mal en arrière pour prendre en compte l'histoire du studio et bien comprendre ce qu'il avait de spécial... Pour enfin savoir en quoi il a changé et aussi pourquoi il est devenu assez représentatif de la situation au Japon.

Une vidéo qui fait ça très bien, c'est celle de Canipa :

Je vous conseille vivement de la regarder, car elle est très complète sur le sujet... Mais bon, au pire vous savez que je vais reprendre les points principaux pour les gens qui ne parlent pas anglais, donc pas de panique (mais sinon, pour les autres, sincèrement, regardez la vidéo, ok ? sneaky)

Bon, pour résumer il faut déjà en savoir un peu plus sur les origines de MAPPA :

Le Studio a été fondé par Masao Maruyama (le M de MAPPA), une véritable légende vivante du milieu de l'animation japonaise, qui auparavant avait déjà co-fondé le Studio Madhouse, rien que ça. C'est aussi, accessoirement, le modèle pour le président du « Studio Musani » dans ShiroBako, ce qui n'est absolument pas innocent... whistle

(Note qu'avec « Kinoshita » Mizushima juste au dessus, ça fait 2 fois de suite qu'on parle de gens servants de modèles aux perso de cette série. Et faut le dire : zéro surprise pour ma part tongue2)

A signaler aussi, et c'est très important, qu'il n'est plus non plus à MAPPA actuellement... Il est parti pour fonder un nouveau studio, le Studio M2 (oui c'est un brin curieux comme nom mais j'ai pas trouvé le sens de l'acronyme ouuuups).

Si c'est important, c'est que c'est sans doute un des symptômes les plus évidents du problème global : Masao Maruyama est un des plus fervents défenseurs de la liberté créative des studios face aux projets qu'on leur propose. En gros pour lui, un studio doit toujours pouvoir apporter sa pierre à un projet, qu'il soit original ou non, et ce toujours dans des conditions qui font que la qualité ne sera pas impacté par des facteurs externes à la prod.

C'est d'ailleurs principalement ce qui lui aura fait quitter Madhouse quand le Studio a été racheté par Nihon TV (NTV), et c'est aussi un peu ce qui s'est passé avec MAPPA quand ce studio a commencé à se diriger vers un planning de prod comportant de plus en plus de gros titres nouveaux (Jujutsu Kaisen), mais aussi de la récupération de gros titres dont la production devenait « problématique » (Attack on Titan). En gros, en prenant cette route le studio aurait de moins en moins de contrôle sur les productions, et encore moins de temps pour les éventuels projets originaux à l'avenir. wacko

Manabu Otsuka, l'actuel président de MAPPA, n'a pas forcément les mêmes priorités. Dans sa vidéo, Canipa cite un passage de cette interview de juillet 2020 :

Otsuka: There are some opinions in the industry that we will reduce the number of productions, but I think that is just taking away from the challenges ahead. The fact that there are many works means there is demand so how can we supply high quality plays to meet that demand. Currently, our company is still trying to do a lot of them, but we always want to keep up with how the industry is changing.

Therefore, at MAPPA, we would like to focus on all the current problems in the animation industry by increasing our productivity.

C'est assez clair : l'objectif principal du studio est de satisfaire la demande tout en maintenant le niveau de qualité, et en trouvant des solutions pour y arriver... Solution qui ne passent pas du tout par la possible diminution du nombre de prod, puisqu'il faut satisfaire la demande.

Du coup, on fini par parler d’accroître la productivité et on fini avec des employés qui démissionnent et parlent d'avoir l'impression d'aller à l'usine...

Image Enlarger

Alors, pour le coup y'a eu pas mal de réaction sur les Réseaux Sociaux à la sortie de l'article d'ANN, mais on va se contenter de citer seulement 3 d'entre elles :

Canipa, of course. smile

Kvin, cela va de soi. happy

Les deux en profitent pour rappeler que ce phénomène n'est absolument pas isolé et que, comme je le disais plus haut, MAPPA est plus un exemple qu'autre chose d'un problème plus global.

Je rajoute aussi l'avis d'Henri Thurlow car il aborde la chose sur un point de vue différent.

Alors, il faut savoir qu'avec cet avis, Henri en a pris plein la gueule, parfois de façon assez gratuite comme seul les RS savent le faire, car les gens on mal compris ou il voulait en venir. Certain l'ont même pris pour un défenseur du statu-quo de la situation de prod actuelle, ce qui est carrément paradoxal car Henri est plutôt à ranger dans la catégorie des « affreux gauchos » sur ce sujet là. confused

En gros, Henri ne veut pas qu'on mette sur un même pied d'égalité les messages qui font part des conditions difficiles du métier avec ceux qui parlent du problème de la main-mise des comités de production sur le système. Si tu règles le problème du manque de budget + surproduction + bas salaires, la difficulté du métier ne disparaîtra pas complètement pour autant... Tout simplement parce que le métier est dur. ouuuups

Du coup, au moment ou ce genre de message surgit dans le public, pour lui il faut être sur que ce qui est dénoncé est lié aux problèmes engendrés par le système de fonctionnement actuel, et pas juste une personne qui en a marre parce que le métier est plus dur que ce qu'il avait imaginé. rolleyes

Bon, le problème c'est qu'expliquer ça en une paire de Tweets, et c'était probablement suicidaire... Mais ça n'était pas faux pour autant.

Il a aussi pris des pincettes parce que les déclarations de l'ex-employé de MAPPA ont depuis disparu... Et que du coup, c'est dur de pouvoir aller plus loin, juste comme ça. Et c'est aussi un peu pour ça que je me suis amusé à recoller des morceaux pour vous donner un vision plus globale de la chose. whistle

16 juin 2021
13:48 pm
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Gribouille Sensei
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Petit rappel que pour le moment, l'argent américain n'aide pas vraiment à améliorer la situation... dry

17 juin 2021
17:08 pm
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Gribouille Sensei
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Petite pause assez bienvenue dans notre Topic sur les déboires de la production d'animation japonaise pour parler d'un truc un peu plus positif : un exemple de production indépendante avec Puparia de Shingo Tamagawa.

Déjà, un petit mot sur le court-métrage en question : 3 minutes d'une beauté visuelle assez hallucinante dans une atmosphère particulièrement irréelle, sans paroles et sans message qu'on vous jetterais à la figure, mais principalement là pour provoquer de l'émotion chez le spectateur.

Et voilà ce que ça donne ! biggrin

Le film a fait sensation à sa sortie, il y a maintenant 6 mois, et en est maintenant à plus de 2 millions de vues sur Youtube, ce qui n'est pas rien. happy

La petite nouveauté, c'est le documentaire de 19 minutes sorti en collaboration avec Archipel, ou Shingo Tamagawa explique son cheminement, ce qui l'a poussé à réalisé ce film, ainsi que sa vision de l'animation en général (et l'animation japonaise en particulier).

Luxe absolu : y'a même des sous-titres français ! w00t

Déjà, il est intéressant de voir qu'encore une fois nous n'avons pas affaire à quelqu'un qui sort d'une école d'animation mais d'une école d'Art. Preuve une fois de plus que pour être un bon animateur, une école spécialisée ça aide certainement beaucoup mais ça n'est pas une obligation absolue (et vous savez à quel point j'adore avoir ce genre d'exemple... whistle).

Shingo Tamagawa fait donc parti des gens formé façon « Old School », avec ses efforts personnels et dans un studio... En 2010 si vous faites le calcul, comme quoi ce n'est pas si « Old » que ça. rolleyes

Ensuite, vous remarquerez que la naissance de ce court-métrage indé est relativement lié à la situation dans le milieu de prod de l'animation japonaise : Shingo Tamagawa, après 5 ans passé à bosser sur des prods classiques, en a eu un peu (beaucoup) ras le bol de l'aspect commercial de cet Art. Et il a raison de dire que c'est pourtant une partie inséparable du tout, c'est quelque chose que tout le monde pense dans le milieu, partout à travers le monde. Le but est normalement (du point de vue des créatifs) d'avoir un équilibre ou le commercial ne l'emporte pas (ou au moins pas trop) sur la partie Création (visuelle, narrative) de notre Art qu'on aime tant. C'est rarement le cas et ça peut être hyper frustrant. dry

Bon, il faut dire que ce qui suit n'est pas forcément à la portée de tout le monde (avoir des économies pour se permettre une pause tongue2), surtout au Japon, mais personnellement en tant qu'artiste je comprend parfaitement qu'il ait eu envie de faire une coupure dans son métier pour se ressourcer et rechercher autant l'inspiration que des repères sur ce qu'il voulait faire à l'avenir. Moi même, après avoir passé 17 mois sur la dernière prod en date ou j'ai bossé comme Animateur / Spécialiste FX, j'ai eu le même genre de phase de réflexion récemment. Pas pour les même raisons que lui, par contre : pour moi c'était plus le fait que je n'arrivais pas à avoir de retour du public sur mon travail, et que c'était pas la première fois... En bref, on a tous un moment ou on se retrouve à mettre en question la portée de nos efforts dans notre métier artistique. De son côté le déclencheur était surtout l'aspect trop formaté de ce qu'il se retrouvait à proposer au public en tant qu'artiste, et le manque de liberté créative qui va avec ce genre de cahier des charges.

Du coup, aucune surprise que son court-métrage soit aussi Tradi dans la réalisation : 100% papier pour la base, avec le traits et la couleur sur des calques différents, et ou l'ordinateur sert principalement à rassembler le tout et à faire quelques retouches. Le résultat et effectivement beaucoup plus vibrant visuellement que si le film avait été fait totalement sur ordinateur (ou si on avait voulu obtenir ce genre de matière avec un ordi, on aurait en fait passé beaucoup plus de temps que nécessaire. wacko).

Rare sont les prods qui cherchent à aller aussi loin, voir toujours plus loin, avec la tradi. Un des exemple notable dont le résultat visuel s'en rapproche, c'est le film Les Enfants de la Mer, et c'est plutôt une exception qu'autre chose à l'heure actuelle (et une telle chose ne serait de toute façon pas viable en dehors d'une prod de long métrage cinéma ou d'un court-métrage).

C'est d'ailleurs assez intéressant, pour le coup, de voir sa réaction quasi-viscérale face à sa découverte de Spider-man into the Spider-verse... Ce sentiment de joie et de défaite, beaucoup d'artistes travaillant dans l'animation on dû l'avoir face à ce film qui prouvait un truc qu'on savait être vrai mais qui restait une énigme pour les producteurs et autres exécutifs : qu'on pouvait aller plus loin dans une forme d'art de plus en plus standardisée, juste en laissant les créatifs s'exprimer, et sans pour autant perdre le public dans l'opération. smile

C'était un peu le moment de reconnaître que le Kung-fu de l'équipe de Sony Pictures était plus fort que le notre (comme je le disais : ça fait plaisir et ça fait mal à la fois.). À noter qu'ils nous en on recollé une avec The Mitchells Vs The Machines depuis, ces affreux ! sneaky

Dans tous les cas, il est clair qu'une approche purement artistique comme celle présente dans Puparia, ce n'est pas vraiment quelque chose d'applicable dans un projet type série TV ou même prod cinéma (dans une certaine mesure, oui, mais y'a une limite). Donc c'est assez intéressant de voir que le Studio Sunrise ait quand même choisit d'épauler l'effort, par pur amour de l'Art et en échange d'un Backup dispo. Très souvent, en occident tout du moins, quand un court-métrage est fabriqué dans un studio, ça reste au final un pur produit de celui-ci, avec un côté parfois institutionnel comme ceux de Pixar. Là, on n'est pas du tout sur cette approche puisqu'au final le court-métrage appartient bel et bien à Shingo Tamagawa et reste estampillé « indépendant ».

Difficile de reproduire ce schéma ailleurs, je ne vous le cache pas. D'autant plus que tout ce qu'il raconte sur la difficulté de mener à bout ce genre de chose seul, c'est pas du pipeau (et encore une fois, c'est mon expérience personnelle qui parle... ouuuups).

Dans tout les cas, c'est une très bonne chose que d'avoir ce Docu pour rentrer dans son processus créatif c'est c'est presque un cours de philosophie de l'animation, que l'on peut très certainement prolonger avec nos propres réflexions sur les questionnements abordé par l'auteur.

Du coup, si vous avez justement des questions, c'est le moment de les poser, voir si nous aussi on peut aller un peu plus loin... whistle

8 juillet 2021
16:31 pm
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Gribouille Sensei
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Ces derniers temps, les exemples de situations catastrophiques dans les Prods japonaises se multiplient à un rythme assez inquiétant... blink

Vous avez eu le raté de la série pourtant très prometteuse Wonder Egg Priority, qui a clairement pâti du manque d'expérience du Staff et des délais / conditions générales de prod qui n'étaient pas du tout compatibles avec le niveau d’exigence que demandait un tel projet. Résultat : un fin à la diffusion pourtant retardé mais qui ne satisfait personne, et pour des raisons parfaitement valables (c'est pas juste des fans trop exigeant qui râlent pour 3 détails, mais un sentiment de frustration assez général sad).

Autre exemple, celui de So I'm a Spider, So What ? qui aura vu lui aussi la diffusion de son épisode final se faire retarder pour cause de Y'A L'FEU A LA PROD !... Euh, plus exactement, c'est tout le système de production externalisé de l'animation qui a tout simplement explosé, obligeant le studio principal à refaire eux même une énorme partie du boulot qu'ils avaient envoyé se faire ailleurs. On appelle ça les « Retake Locales », et en général on s'arrange pour que ce soit rare parce que ça vient se rajouter à la somme de boulot que vous avez déjà de votre côté. Résultat : impossible de maintenir le niveau de qualité global et c'est principalement la partie de l'anime qui tourne autour des humain qui va prendre cher... Et ça se voit à l’œil nu tellement le contraste avec la partie sur les monstres est parfois violent. Alors attention, ce n'est pas forcément « moche » à ce stade de rattrapage, mais disons qu'on voit clairement qu'il y a une priorité d'effort de prod sur un arc et pas sur l'autre. dry

Et puis, vous avez MAPPA, encore et toujours eux... Qui viennent de nous balancer le Trailer Pré-animé de Chainsaw Man, alimentant tous les espoirs aussi bien que les inquiétudes... ouuuups

Pour le côté espoir, on va laisser la parole à l'ami Ermite Moderne... whistle

Mais voilà, comme il le dit lui même dans sa vidéo, MAPPA en fait trop ces derniers temps... Trop, et sans y mettre les moyens, visiblement. Et cette fois, la coupe semble pleine pour certains animateurs, qui n'hésitent plus à dénoncer les sommes risibles qu'on leur demande d'accepter pour leur travail, comme vous pouvez le lire dans ces articles de Cartoon Brew et ANN ou encore Crunchyroll. Les réactions de soutiens d'autres professionnels ont suivi et c'est d'ailleurs une très bonne chose que de voir autant de gens du milieu taper du poing sur la table. happy

Alors, précisions, de manière générale les gens vont râler après Netflix, qui aurait mis dans le budget de séries (Yasuke, AoT S4, autres / toutes, on ne sait pas trop les détails confused) un taux de rémunération par Cut (Plan) au minimum (3800¥), sachant que le taux maximum « normal » (7000¥) est déjà effectivement trop bas (on va y revenir). Et il est vrai que Netflix a très largement les moyens de mettre plus, d'autant qu'il y a une marge assez monumentale entre les salaires au Japon dans l'animation et aux USA ou encore en France (on va y revenir aussi).

Mais comme le précise Ippei Ichii, celui qui a lancé le pavé dans la mare, s'il reproche aux producteurs de Netflix présent à MAPPPA le fait d'avoir proposé sans se poser la moindre question un taux de rémunération pareil, alors qu'ils auraient très bien pu se montrer généreux de ce côté là, il ne faut pas pour autant oublier que MAPPA n'a visiblement pas trop hésité à faire bosser les gens sur leur prods à ce taux... Pour le coup, reportez vous plus haut dans le Topic pour voir la déclaration du patron de MAPPA qui semblait obsédé par le fait de satisfaire les besoins / demandes du marché international. dry

D'ailleurs Netflix n'a pas du apprécier de se voir mis en avant, et MAPPA s'est empressé de tenter de désamorcer la bombe très, très, TRÈS maladroitement. ouuuups

(A lire aussi dans cet article ANN.)

Donc, en gros, leur excuse est de dire que ce n'était pas sur une série Netflix mais sur une série TV classique que ces salaires ont été proposés, et que par la suite la série aurait été revendue à Netflix (et du coup ça serait AoT S4 ? confused). On sent bien leur volonté de sortir Netflix de la polémique mais ce qui est quand même surprenant c'est qu'ils semblent louper complètement le fait que le cœur du problème, ce sont ces tarifs de 3800¥/Cut, qu'ils ne contestent absolument pas dans leur déclaration. omg

On est en droit de se demander si on peut faire pire... Mais MAPPA est visiblement très doué pour taper complètement à côté de la plaque... Parce que plutôt que d'augmenter d'eux même la rémunération de leurs employés, quitte à devoir négocier un peu plus fermement avec les « grosse plateformes » US, ils ont proposé... des nouveaux locaux : Studio Annex ! (voir les articles d'ANN et Cartoon Brew à ce sujet) Cool, hein ! Avec un appel du pied à peine déguisé aux « jeunes talents », en mode « c'est trop cool, c'est proche du métro, y'a des Kombini dans le quartier,... Viendez les jeunes ! biggrin» (parce que les jeunes c'est plus facile de leur faire gober ces « bonus » comme des vrais avantages tout en leur faisant accepter un bas salaire ? dry). Mouais, bien sûr, c'est très certainement ça qui va enrayer la crise des vocations et le fait que certains animateurs vont chercher de meilleurs conditions de travail en Chine... rolleyes

RAPPEL HISTORIQUE : on pouvait compter très naturellement sur Cartoon Brew pour en faire mention, mais c'est effectivement une vielle tactique que de mettre des employés sous-payés dans des locaux flambant neuf en croyant résoudre le problème. Tactique qui a d'ailleurs toujours mal finie. L'exemple le plus connu de l'histoire de l'animation étant bien sûr Walt Disney installant tout son petit monde dans son nouveau studio de Burbank en 1940. Sauf que quand on sait que les employés de Disney de l'époque étaient en fait parmi les plus mal payés du milieu, on peut comprendre que leur réaction ait été plutôt négative, même s'ils avaient la « chance » de bosser dans un bâtiment dessiné par un très grand architecte et Blabla... A peine plus d'un an après avait lieu la première grève avec revendication salariale de l'histoire de Disney... ouuuups

Du coup, on en vient au fait que ça va être aux employé eux même de devoir refuser de bosser pour si peu et de demander (exemple le plus cité) « au moins 15.000¥ par Cut au lieu des 3800 proposés »...

Mais voilà, pour les gens qui n'ont pas vraiment la moindre idée de la valeur du ¥, ça rend sans doute l'ampleur du problème un peu difficile à évaluer. En fait il faut comprendre que les 15.000¥ par Cut, ce n'est pas forcément énorme ni abusé. 

Déjà :

- La somme de 3800¥ équivaut à 34$/29€, pour 1 seul Cut, sachant qu'il a été rapporté qu'un animateur peut faire 20-30 Cuts par mois (selon la durée et/ou la complexité des Cuts, et sans compter les potentielles heures sup). Donc, avec ce taux et pour le max de Cuts (probablement en bossant 10h/jour, 6jour/7), vous finissez le mois avec... 1020$/870€ en poche... C'est tout... Ceux qui suivent ce Topic depuis le début, vous vous rendrez compte que c'est d'ailleurs assez proche de ces salaires à 1000$/800€ dont on parlait déjà... Il y a plus de 3 ans... blink

- Le taux considéré comme « haut » actuellement est donc de 7000¥ = 63$/53€, ce qui fait 1890$/1590€ si l'animateur parvient aux fameux 30 Cuts sur un mois de boulot... wacko

- Et pour 15.000¥/135$/114€, avec le même calcul, vous finissez avec 4050$/3420€ par mois ! Ouais, la ça semble sérieux et solide !... Mais repensez qu'il faut pour ça toujours faire 30 Cuts, soit une moyenne d'un par jour... TOUS LES JOURS du mois. Alors à moins de n'avoir que des dialogues Blabla en Champs / Contre-champs de 2-3 secondes chacun, et de pouvoir en faire parfois 2 en une journée, dans la plupart des cas ça ne va pas être possible... confused

- Du coup on va prendre un nombre moyen de 25 Cuts, en partant du faits qu'ils sont tous de la catégorie « simple / faisable dans les temps ». On obtient, toujours avec 15.000¥/Cut, 3375$/2850€ par mois. Et gardez toujours en têtes que ça reste avec des horaires à rallonge... Et... Je suppose en plus que ça reste du salaire Brut ? (si quelqu'un sait pour calculer du Net japonais en partant de la somme de base, ça m'intéresse wink).

Donc, oui, c'est clair que demander du 15.000¥/Cut rapprocherait les animateurs d'une situation où au moins leurs efforts seraient récompensés. happy

S'il vous faut plus d'éléments de comparaison, sachez qu'en France un animateur confirmé (2-3 ans d'expérience minimum) en CDDu (intermittent) devra être payé un minimum conventionnel de 120€ (Brut)/jour (d'après la Convention de 2018, encore valable de nos jours). Mais très sincèrement c'est le salaire qu'on donne plutôt aux Juniors (animateurs qui sortent tout juste d'écoles) et les confirmés demanderont en général 130€+/jour. On va rajouter pour la comparaison le poste d'assistant animateur, un peu l'équivalent d'un Douga-man au Japon, qui sera payé un minimum conventionnel de 98€/jours.

Il faut partir du principe que la paie du mois se calcule sur une base d'environ 20 jours/mois, et aux 35h (même si on en fait souvent plus que ça rolleyes).

En terme d'échelle ça nous donnerait donc quelque chose de ce genre :

- Animateur japonais payé à 15.000¥ /Cut (utopique pour le moment) : 2850€/mois pour 25 Cuts.
- Animateur confirmé en France : 2600€+ (Brut)/mois.
- Animateur junior en France : 2400€ (Brut)/mois.
- Assistant animateur en France : 1960€ (Brut)/mois.
- Animateur japonais payé 7000¥/Cut : 1590€/mois s'il atteint 30 Cuts.
- Animateur japonais payé 3800¥/Cut : 870€/mois s'il atteint 30 Cuts.

Du coup, un animateur confirmé en France sera sans doute à peine moins bien payé que leur cas utopique à 15.000¥/Cut, avec en général pas non plus le même niveau de pression en Prod que ce qui existe au Japon à l'heure actuelle. wacko

confused

Ah, et quasiment jamais avec l'obligation de sortir un rendu équivalent à Jujutsu Kaisen derrière non plus. laugh

Genre, ça... whistle

63 secondes / 24 Cuts (soit l'équivalent d'un mois de boulot ?) = 91.200¥ = 693€ de salaire en terme d'animation ? Alors bien sûr, je ne sais pas si les animateurs de Jujutsu Kaisen ont été mangé à la même sauce que ce qui est énoncé plus haut en terme de ¥/Cut, mais c'est pour bien appuyer sur le fait que les 15.000¥/Cut seraient largement mérités sur un projet de ce niveau, par exemple.

J'espère que ce petit comparatif vous aura permis de voir la chose de façon plus concrète... wink

10 juillet 2021
11:58 am
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Gribouille Junior
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Je vois pas de mention de la S2 de Zombie Land Saga donc j'en profite pour rajouter ça à la liste des productions chaotiques avec notamment une moyenne d'une vingtaine d'animation director par épisodes. J'ajouterais également que le fait qu'on retrouve sur les premiers épisodes des animateurs qui ont fait leurs début sur les derniers épisodes de WEP (ep 10 à 12) soit moins d'un mois avant le début de Zombie Land Saga S2 me semble un assez bon indicateur pour déterminer à qu'elle point le planning était pourrie depuis le début.

10 juillet 2021
12:11 pm
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Gribouille Sensei
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Oui, j'ai pas mis cet exemple parce qu'il faut avouer qu'on n'aurait pas fait le tour s'il fallait tous les citer (hélas ouuuups). Ils ont fini avec quoi ? 24 Directeurs d'anime pour le dernier épisode, non ? C'est complètement infernal et je pense que c'est pas prêt de se solutionner vu que les studio eux même ne semble absolument pas vouloir lutter contre la situation actuelle et tenter un bras de fer avec les comité de prod et autres plateformes qui finances actuellement leurs prods. unsure

A côté de ça, dans la catégorie "bonne nouvelle", on a appris que sur le projet Star Wars de Disney+, chez Trigger y'a eu Zéro crunch dans le studio et les animateurs ont été bien traité tout du long de la prod... Comme quoi c'est parfaitement possible. tongue2

J'essaie aussi de voir les studio pour qui on a pas encore entendu parler de problèmes graves... KyoAni et Bones sont les premiers qui me viennent en tête, mais qui d'autres pourrait se rajouter à cette liste du positivisme ? confused

18 juillet 2021
19:43 pm
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Gribouille Junior
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C'est sûr qu'il y a pléthore d'exemples, mais je pense que celui-ci est certainement un des plus intéressant au vus des proportions démesurées qu'a pris le phénomène.

Pour Trigger j'ajouterais qu'il y a eu zéro crunch et que les animateur ont aussi était bien traité sur SSSS.Dynazenon et l'animé était même entièrement fini avant la diffusion du 1ère épisode.

Pour la liste du positivisme dans les studios qui ont réputation de bien traité les animateurs tu peux ajouter Colorido, Studio Chizu (il me semble) et j'ajouterais également P. A. Works depuis Maquia et les changements qu'ils ont fait.

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Marco Sensei
21 juillet 2021
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En tout cas, ça semble très dur d'échapper à la pression actuelle de cette demande toujours plus oppressante des marchés mondiaux, souvent dû à la reconnaissance de plus en plus importante de la qualité de l'animation japonaise dans sont ensemble. Les studio peuvent parfois être entraînés dans un cercle vicieux de volume et de rythme de production infernal... sad

C'est visiblement ce qui se passe chez Science SARU, d'après une ancienne employée, Joan Chung, qui faisait partie des "renforts internationaux" de l'équipe (en gros elle n'est pas japonaise ni au Japon mais a quand même bossé pour eux en Télétravail, si j'ai bien tout compris) : à partir de 2020 le studio s'est fait rattraper par la pression mise sur le milieu, surtout depuis que le Covid a torpillé pas mal d'autre prod comme le contenu en Action Live, alors que l'animation avait encore des moyens pour faire tourner la machine. On doit, bien sûr, ajouter à cela le fort gain d'intérêt des Majors / plateformes de diffusion international pour l'animation japonaise de ces dernières années.

Sauf que d'après ce qu'elle a raconté à ANN, Science SARU, tout en faisant des efforts pour soutenir leurs employés de bien des façons, a tenté d'en faire trop avec trop peu de moyens. Du coup c'est le personnel qui trinque à grand coup de Crunch, comme bien souvent. C'est quand même triste de voir que même des studios qui sont réputés comme étant plutôt "cool" côté prod (comme le précise l'article, c'est loin d'être le pire exemple actuel au Japon), se retrouvent eux-mêmes salement impactés par tout ça. mellow

Le truc à bien comprendre encore une fois, c'est que faire beaucoup d'heures c'est assez banal, mais il faut aussi saisir la nuance entre "faire beaucoup d'heures" et le Crunch, qui lui signifie "faire beaucoup d'heures systématiquement, tout le temps, jusqu'à la fin de la prod et enchaîner souvent juste derrière avec une autre prod".

Si même des petites structure comme Science SARU n'arrivent pas à être à l'abris de ce genre de choses, on est vraiment mal... unsure

A noter qu'encore une fois si je dis que la part de la demande internationale a une grosse influence, c'est qu'elle se rajoute souvent aux projets que le studio peut avoir pour le marché Domestique. Difficile pour un petit studio comme Science SARU de dire non à une offre de faire partie des équipes qui vont bosser sur Star Wars : Visions pour Disney+, comme ce fut le cas ici.

Hélas, comme je l'avais déjà dit dans la Review d'Eizouken, ça se passe en général comme ça ouuuups :

L'artiste libre Vs la réalité du besoin de manger de temps en temps... (allégorie)

Effectivement, en général c'est l'artiste qui perd. sneaky

Pour autant, n'imaginez pas 2 secondes que Disney va aligner le même genre de budget pour un projet pareil que ce qu'ils ont l'habitude de claquer pour leurs propres projets cinéma. Rappel que la minute d'animation pour un film cinéma de Disney vaut environs 1.5 millions de $... Oui... C'est juste pour une minute, et c'est pareil pour les court-métrages qui passent avant les films. Je pense que certains court-métrages de Disney / Pixar ont dû coûter plus cher que la totalité de la prod d'Eizouken, par exemple. blink

Il n'est pas dit que Disney n'a pas payé correctement les efforts de Science SARU, sauf que même si tu paies "correctement" par rapport au prix sur le marché japonais, ça reste une misère par rapport à ce que ça aurait coûter aux USA. Mais c'est pas forcément assez pour permettre au Studio japonais de rajouter carrément assez de personnel pour gérer cette nouvelle commande en même temps que les autres projets déjà en cours. wacko

Et refuser, comme je le disais, peut être tout aussi compliqué pour ces studios... La situation est quand même franchement infernale et j'espère qu'à un moment les gens du milieu, où proche de ce milieu (comme les journalistes spécialisé) qui râlent et dénoncent ce qui se passe, auront assez de Momentum pour faire bouger réellement les choses. Parce qu'en dehors de ça et d'une éventuelle pression de la part du public devenu conscient du problème, je ne vois pas comment on pourrait s'en sortir.confused

UPDATE : Hélas, pas de bonne nouvelle dans cette histoire... Car en général, quand ce genre de dérapage fini par être rapporté au public, la réaction (assez mauvaise) des studio d'animation japonais est un peu celle qu'a eu MAPPA pour les cas dont je parlais plus haut : botter en touche le problème, sans parfois le nier, et surtout demander à la personne qui en a parler de se rétracter ou même d'effacer les déclarations embarrassantes pour le studio si celles-ci sont visibles sur les Réseaux Sociaux.

Et devinez quoi ? Il semblerait que de ce côté la, Science SARU de se démarque pas du lot... mellow

Le pire c'est que cette animatrice avait effectivement été très diplomatique quand elle a rapporté les problèmes de Science SARU, en ne mettant pas ça complètement sur le dos du studio lui même mais plutôt sur le stress et la pression qui est mise de façon générale sur le milieu de la production japonaise, écrasé sous la demande et ne bénéficiant pas d'un financement assez conséquent pour avoir les moyens d'y répondre correctement.

Et il faut noter qu'elle continue quand même à être le plus diplomatique possible d'ailleurs.

Par contre, parmi les gens qui couvrent l'actu de l'animation, la tendance est au cynisme / ras-le-bol, et je peux parfaitement comprendre parce que j'en suis exactement au même point de mon côté. dry

Soyons clair : je pense que dans le studio lui même, les gens sont parfaitement conscient que la situation n'est pas tenable mais vous avez aussi sans doute la trouille de la part de la direction qu'une mauvaise image des conditions de travail puisse entraîner des pertes de contrats futurs, surtout avec de potentiels partenaires internationaux... Or c'est une partie du problème : ces partenaires internationaux ne font en réalité que très peu d'efforts de leur côté pour arranger la situation ALORS QU'ILS ONT PARFAITEMENT LES MOYENS DE LE FAIRE, EUX. nani

Une des solutions est effectivement que les partenaires internationaux investissent sérieusement dans les prods japonaise qu'ils commanditent. Cela veut dire un budget conséquent (qui de toute façon restera de loin inférieurs aux coûts qu'ils auraient eu chez eux), directement dans les poches des studios (sans passer par ces foutus comités de Prod qui font disparaître l'argent dans les mauvaises poches blblbl), et de façon à ce que les studio puisse embaucher des équipe suffisante pour faire face à l'augmentation du volume de la Prod sans avoir à mettre tout ça sur le dos des survivants de la professions qui sont de plus en plus au bout du rouleau... sad

Alors attention, le gros de la Prod restant la demande du marché japonais, cet investissement international sérieux ne serait pas forcément la clé du problème mais pourrait quand même en diminuer l'impact et aussi montrer qu'il est possible de développer des cercles vertueux de production ou tous les acteurs du marchés y gagneraient quelque chose. rolleyes

24 octobre 2021
13:29 pm
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Gribouille Sensei
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Sans doute un pas dans la bonne direction ? Voici une initiative intéressante.

En gros, le Studio WIT et Netflix (ouais, encore eux) se sont associé pour ouvrir une "école" d'animation. Dans la forme, d'après ce court reportage, c'est un stage de formation rémunéré de 6 mois, qui permet donc aux étudiants de parfaire leur niveau en animation sans pour autant avoir à s'inquiéter pour leur... niveau de vie, le loyer, la bouffe... whistle

C'est en fait un peu ce qui se passait avant avec les Junior au Japon, avec la différence très notable du fait qu'ils étaient avant directement en prod et que pour le coup leur salaire dépendait souvent de leur rythme de travail (quand ils étaient payés au Plan ou à la Frame). Or, en début de carrière on se doute bien qu'on n'est pas forcément des plus rapides et la paie est franchement ridicule, comme on l'a vu plein de fois déjà dans ce Topic.

Payer les gens pendant 6 mois rien que pour améliorer leur niveau technique ou leur donner les connaissances qui leur manquent, avant de les lancer sur des Prod du Studio WIT, si c'est bien organisé, ça a quand même des chance d'effectivement diminuer le taux de Juniors qui abandonne l'espoir de se faire une place dans la profession et qui disparaissent moins de 3 ans après être rentré dans le milieu (80% environ, ce qui est grave. blink).

Il faudrait maintenant que ce genre d'initiative se multiplie et aussi qu'on commence à accompagner ça par des mesures pour rendre le métier plus attractif, permettant à plus de gens de l'intégrer, ce qui pourrait alléger la charge énorme qui repose sur ceux qui sont actuellement dans le milieu. Tout ça pourrait permettre des planning plus raisonnable et même des salaires compensant réellement les efforts du Staff de production.

Mais bon, ça on en est encore loin... ouuuups

27 octobre 2021
20:29 pm
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Gribouille Sensei
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Alors ou l'AFP s'est totalement gourré dans son énoncé, ou y'a un truc que je pige pas... Mais en tout cas, cette histoire de formation est visiblement pas nouvelle et plus compliqué (voir moins cool) qu'il n'y parait... confused

UPDATE : Donc si je comprend bien, Bones paie aussi la formation en question à des Juniors mais y rajoute 6 mois de plus d'entrainement en animation à la fin, avec le salaire en prime, ce qui semble effectivement plus intéressant. happy

EDIT : Je me disais bien que pour Bones j'avais déjà vu passer la News avant... Je l'avais RT en Septembre sur le Compte Twitter @NekoAnimeAgora !

Donc selon les détails, c'est bien prévu pour 2022, en 2x6 mois avec une paie de 150k ¥ (soit environ 1145€) par mois, et ça sera même ouvert pour les étranger qui ont JLPT niveau 1... Aoutch, je suis moi même sensé être niveau 2 donc c'est quand même un niveau galère à atteindre. ouuuups

5 décembre 2021
15:05 pm
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Gribouille Sensei
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Vidéo sympa ou Canipa fait une mise au point sur sa propre vidéo de 2017 qui parlait de l'influence de l'animation japonaise sur le marché mondial de l'animation et aussi de l'arrivé des capitaux et plateformes étrangères (Netflix et autres) dans le Game... 4 ans plus tard, le bilan est loin d'être 100% positif, ce qui rend effectivement le ton optimiste de la vidéo de 2017 assez... Naïf. ouuuups

Et pour le coup je vous rajoute son article de juin dernier qui parle de l'échec des Animes "Crunchyroll Originals", qu'il évoque à un moment dans la vidéo (je viens seulement de me rendre compte que je l'avais pas posté avant, désolé. confused).

3 janvier 2022
14:57 pm
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Gribouille Sensei
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Pour aborder un sujet qui revient souvent dans les discussion : "pourquoi les japonais de se syndiquent pas pour défendre leurs droits mieux que ça ?", la réponse est à la fois simple et compliquée. confused

En gros, une partie de la profession peut le faire (et le fait parfois) mais la vaste majorité est composé de Freelance qui ne peuvent pas facilement s'organiser de la sorte. Comme l'explique cet Article ANN (en français, profitez-en ! wink), tiré de 2 discussions entre le producteur Masuo Ueda et la Chara-Designer Terumi Nishii.

EDIT : je rajoute l'article Cartoon Brew sur le sujet.

Pour ceux qui veulent consulter les 2 vidéos, les voici (VOSTA). happy

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