17:33 pm
26 juin 2013
Voilà, ça fait un moment que je pensais faire un article sur la situation des conditions de travail dans le milieu du Jeu Vidéo, pour signaler que ces derniers temps vous avez un paquet de problèmes qui s'accumulent mais qui malheureusement on faillit être considéré non pas comme des problèmes mais comme la norme... Ce qui est en train de Backfire méchamment au niveau mondial.
Ces problèmes sont, dans le désordre : le Crunch, le harcèlement moral au travail, le sexisme ambiant du milieu. Vous pouvez en rajouter d'autre, comme le fait que les succès de certains jeux ne sont absolument pas répercutés sur les conditions de travail des employés, mais ces 3 premiers sont sûrement les plus lourds du moment.
Du coup, ce n'est pas une surprise de voir parfois poper sur internet des choses pareilles :
Over 450 gaming jobs lost on the West Coast THIS MONTH with the shutdowns of the following studios:
Telltale Games (San Rafael, California): 250 people
Capcom Vancouver (British Columbia, Canada): 158 people
Carbine Studios (Aliso Viejo, CA): 50 people— cartoonbrew.com - Animation News (@cartoonbrew) September 22, 2018
Car en plus de traiter les gens assez mal, certaines boîtes pourtant à la tête de succès énormes, sont « fragiles » au point de disparaître parfois sans laisser de traces, souvent à cause d'une gestion désastreuse, qui se traduit par le traitement assez misérables des employés qui ne comptent pourtant pas leurs heures pour finir les projet tant attendu par les fans.
Cet article récent de Cartoon Brew nous détaille en partie ce qui est arrivé au Studio Telltale cette semaine, avec ses 250 employés virés du jours au lendemain, sans indemnités, et avec une couverture sociale qui s'arrêtera définitivement le mois prochain.
Les réaction ont été vive sur internet, avec beaucoup de surprise de la part de certains fans, car le studio était à l'origine de pas mal de grosse franchises. Beaucoup de soutiens pour les employés... Et aussi des remarques assez déshumanisées de la part de certains fans dont la première préoccupation était que la suite de leurs franchises préférées ne verrait donc pas le jour.
Or c'est un des problèmes : tout est fait dans le sens des fans, pour leur faire plaisir, pour sortir leurs jeux plus vite, plus beaux... Et un bon gros nombre de fans ne veulent surtout pas gâcher leur plaisir en cherchant à savoir dans quelles conditions leurs jeux ont été fait.
C'est ce que constate entre autre Hayden Dingman (journaliste à PCWorld) sur Twitter...
https://twitter.com/haydencd/status/1043247321079734272
Pour les non-anglophone, en substance il diserte sur le fait que les fans ne se posent pas souvent de question et qu'on peut parfois mettre en avant des jeux fait par des boîtes qui pourtant font les unes de journaux pour des raisons de comportement pas défendable. Il site en exemple le jeu Cyberpunk, star au dernier E3, fait par le studio / éditeur polonais CD Projekt... Or effectivement ces derniers ne sont pas franchement des samaritains : dans un article de Le Monde, on peut lire qu'ils sont plutôt opposés à l'apparition de syndicats pour défendre les droits des travailleurs du milieu du Jeu Vidéo.
Cette réaction est du à la création récente de syndicats aux USA, mais aussi en France après le scandale chez Eugen Systems, dont vous pouvez lire certains détails dans cet autre article de Le Monde. Ce scandale a eu d'importantes répercussions, avec une rarissime grève des employés de la boîte (ce qui ne s'était pas vu dans le milieu en France depuis des années), qui aura duré pas moins de 50 jours !
Les raisons ? Encore une fois le Crunch, et surtout une monumentale arnaque sur les conditions de rémunérations de toutes les heures supplémentaires, comme l'explique le communiqué du Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo.
De son côté, Hayden Dingman conclu son Thread sur Twitter par la réflexion suivante : si les joueurs ne veulent pas voir ces conditions et seulement s'émerveiller devant le résultat, peut-être qu'on peut les considérer comme complice du système et qu'au final...
If it takes "Ruining Some Employees' Lives" to make a game possible, maybe we don't need those games.
(Si ça demande de « ruiner la vie de certains employés » pour permettre à un jeu d'exister, peut-être qu'on a pas besoin de ces jeux.)
Vous allez me dire que ce sont sans doute des exemples isolés, des dérives de certaines boîtes mal gérées... Mais je n'en suis personnellement plus trop sur.
Dans les autres exemples récents, vous avez aussi Riot Games... Oui, oui... Les gens qui sont derrière League of Legend, un des jeux les plus populaire de l'histoire du Jeu Vidéo, avec plus de 60 millions de joueurs sur la planète... Et bien jusqu'à récemment, c'était pas tout rose chez eux non plus, mais le mouvement #MeToo aux USA commence à taper aussi dans le milieu de la HighTech maintenant...
Et ils n'ont pas trop su y échapper... Kotaku a sorti un article bien lourd sur le sujet, avec beaucoup de détails. Le sexisme chez Riot Games était tel que les femmes se sentaient totalement écrasé par les mecs, à même niveau de responsabilité... L'exemple le plus marquant pour moi est l'histoire de cette employée qui, après avoir présenté une idée en réunion et se la voir rejetée, propose à un de ces amis masculin de représenter la même idée quelques jours plus tard, en prétendant avoir eu l'idée lui même...
Surprise ! (non ) Le Board de direction de projet trouve l'idée géniale, et le mec fini limite en pleur de constater que sa collègue avait entièrement raison... Zéro considération pour les femmes et tout ce qu'elles pourraient potentiellement apporter à la prod.
Mais c'est la un des rare coin de soleil de ces situations : Riot Games s'est aperçu que le vent du renouveau n'allait absolument pas dans leur sens. Du coup alors même que la journaliste menait l'enquête pour Kotaku, Riot Games avait pris les devant de faire un coup de balai dans ces habitudes pas défendable à notre époque et ont fait venir dans l'entreprise une personne sérieuse pour adresser le problème.
Ils se sont aussi fendus d'une déclaration officielle reconnaissant leurs égarement et dressant la liste des choses qu'ils voulaient réformer pour ne plus en arriver la... Hypocrisie ? Sans doute un peu, car ils ne pouvaient pas ignorer ce qui se passait et donc ne réagissent que parce que c'est passé au devant de la scène. Mais dans tous les cas, il vaut mieux une réaction tardive et hypocrite dans le bon sens qu'un dénis total et une résistance dans l'autre sens, ce qui est malheureusement l'option la plus souvent choisie par les boîtes de jeu vidéo concernées par ces problèmes.
D'ailleurs, si vous voulez voir ce que ça donne, vous avez un article à rallonge de Waypoint dans lequel ils ont profité du E3 pour demander à un max de gens en interview ce qu'ils pensaient du débat actuel autour du Crunch... Les gens semblent majoritairement dire « houlala c'est pas bien » mais aussi curieusement dire que, bien sur, chez eux c'est pas comme ça, ou encore que c'est de la faute de la passion des gens qui font qu'ils ne savent pas s'arrêter.
Les journalistes de Waypoint ont été assez malin pour demander, du coup, si dans ces cas la directions était engagé et responsable au point de dire aux gens qui en faisaient trop des choses comme « arrête la, on verra la suite lundi »... C'est assez dur de dire si les gens sont honnête quand ils répondent, mais dans un sens, si ils l'étaient tous... Bah comment on pourrait constater autant de problèmes sur le terrain ? C'est paradoxal.
Mais bon, le but de cet interview est de choper les gens « On Record » sur le sujet, pour pouvoir le ressortir si un de ces quatre on s’aperçoit que ces problèmes les concernent mais qu'ils n'était pas franchement sincère quand ils en parlaient eux même.
De ce côte, la palme revient au producteur exécutif de Hitman 2, qui refuse carrément de parler du sujet, ou alors Off Record... Courageux ça...
Et de toute façon si ces questions tournent à ce point, c'est qu'on en est arrivé à un niveau ou il n'est tout simplement plus possible de balayer ça sous le tapis, même si certains tentent toujours de le faire à l'heure actuelle.
Bon... On arrive à la fin de l'article et je vois certains se demander quand je vais parler de Quantic Dream dans l'histoire. Et bien ça sera lors d'un Follow Up de ce Topic, avec un post complet sur le sujet, histoire d'avoir un exemple le plus détaillé possible d'une situation qui dérape très clairement sur presque tous les sujets qu'on vient juste d'aborder.
La rédaction de cet exemple est en cours depuis très longtemps et fait déjà 3 pages... C'est juste que plus j'avance, et plus j'ai l'impression que quelqu'un essaie d'aspirer mon âme pour la jeter en enfer... Donc j'avance doucement... Ceci étant dit, je pense que d'ici la semaine prochaine j'aurais fini et on pourra revenir en parler ici.
En attendant, n’hésitez pas à y aller de vos commentaires.
The following users say thank you to Marco Sensei for this useful post:
hunterogue23:53 pm
10 octobre 2015
J'ai une amie qui m'avait prévenu pour telltale et c'est toujours des infos qui semblent surréelles mais c'est pourtant vrai :/ Elle m'a dit aussi qu'Ubisoft là-bas propose de reprendre une partie en soutien.
J'attends avec impatience l'article sur Quantic dream parce que j'ai entendu plein de chose dessus mais j'ai pas trop trop compris ^^'
9:17 am
26 juin 2013
Pour le volet Telltale qui est encore en cours, et pour mettre de l'eau au moulin du point sur les fans qui sont un peu trop aveugles, quelques exemples tout frais venu de twtter...
Well, that's one way of looking at game development. pic.twitter.com/4PgDUn9HQF
— Richard Cobbett (@richardcobbett) September 24, 2018
Can you also provide an update on severance pay, health insurance coverage, and unemployment benefits for the approximately 250 workers who were let go last week? There is a lot of concern in the industry about the situation of these former employees. https://t.co/ekmUFnSqOH
— cartoonbrew.com - Animation News (@cartoonbrew) September 25, 2018
This whole situation is a nightmare, and Telltale’s executive-level decisions continue to be utterly baffling.
Excuse me if I’m hesitant to trust the decision-making and promises of a company more concerned with finishing a season than offering their employees severance. https://t.co/8zpE1C4MhE
— Patrick Klepek 🎃 (@patrickklepek) September 25, 2018
Vous noterez que Telltale a tout saisit de l'importance de certaines priorités par rapport à d'autres...
8:50 am
26 juin 2013
On rajoute un article d'IGN France sur les conditions de travail chez Ubisoft, DontNod et Ankama (merci à Fujiwara Ritsu de m'avoir retrouvé le Link. ). On peut le voir, brièvement : on retrouve exactement les 3 points dont je parlais plus haut, à différentes mesures selon les studios....
Cet article est tiré d'une enquête de Médiapart, mais ce n'est pas un article libre d'accès, hélas.
Curieusement aussi, avec les retour que j'ai sur ce Topic, le Crunch et le Harcèlement ne semble pas surprendre les gens (j'ai peu de réaction de doute à ce sujet), mais le sexisme semble surprendre certains. Sauf que c'est pourtant une vérité du milieu.
Et pensez surtout à un truc :
- Le Crunch, tout le monde le subit.
- Le Harcèlement, tout le monde peut le subit.
- Le Sexisme, c'est la petite cerises sur le gâteau que seules les femmes ont le droit d'avoir en plus du Crunch et du Harcèlement...
19:23 pm
26 juin 2013
Pour en revenir au Crunch, qui semble salement ancré dans le milieu, un nouvel exemple avec la prod de Red Dead Redemption 2...
Pour les non anglophone, je précise que dans cet article vous avez encore un CEO qui ne semble pas voir de problème à annoncer que des gens ont plusieurs fois passé jusqu'à 100h par semaine à bosser sur le jeu pour le plaisir des Gamers, tout en proclamant que, bien sur, ils font très attention au bien-être de leur salariés...
Je pense qu'il va devenir obligatoire de la part des journaliste de poser la question du recours au Crunch à chaque fois qu'un imbécile de CEO se vantera de ne pas compter les heures de prod et d'avoir uniquement des gens de talent qui sont tous des bourreaux de travail qui ne veulent jamais rentrer chez eux voir leur famille...
14:48 pm
26 juin 2013
On va plus loin sur l'histoire de Red Dead Redemption 2, avec un très long article de Kotaku ou on y apprend plusieurs choses :
- Bien qu'ils s'en défendent, Rockstar Games semble être des habitués de l'utilisation du Crunch, et ce depuis des années.
- Kotaku a eu l'autorisation du studio pour interviewer plusieurs employés mais la quasi totalité d'entre eux ont accepté tant que c'était anonyme. Certains on défendu leur boîte et d'autres l'ont chargé bien lourdement.
- Le chiffre de 100 heures / semaine cité pourtant par le CEO lui même dans une interview officielle, ne concernerait que l'équipe d'écriture. Ceci étant dit, lors de la production, la moyenne d'heures par semaine sur tous les participants au projet serait monté à 45.8h... Mais comme c'est une moyenne, vous devez prendre en compte que tout le monde de fait pas les même heures. L'une des tranches les plus haute parle de 60h / semaine (voir même 80 ) pendant plusieurs semaines dans certains départements (ce qui fait en gros 10h par jours, 6 jours sur 7). A noter que les gens embauchés pour Booster la prod et qui étaient payés à l'heure, ont touché la totalité de leurs heures supplémentaires, mais bon nombre d'employé permanent du studio disent que leurs propres heures n'ont pas été complètement indemnisées.
- Certaines personnes, souvent des responsables, parle d'un côté obsessionnel de la part du personnel, d'un soucis de bien faire qui aurait poussé certains à bosser plus que de raison ( et il faut reconnaître que c'est le cas pour certains) mais que la boîte ne demande à personne de le faire. De l'autre côté, certains parlent d'une "culture de la peur" ou le Crunch est mandataire si tu veux être bien vu et ne pas avoir de problème.
- Malgré tout ça, la direction avoue qu'elle a eu pas mal de problèmes par le passé, comme lors de la production de Max Payne 3 ou encore du premier Red Dead Redemption. Certaines personnes ayant bossé dessus parlent de semaines de 6 jours, à 12 heures par jours... La direction a tout de même mis en doute les témoignages les plus sévères de cette période en les balayant d'un revers de la main, sans pour autant démentir une bonne grosse dose de problèmes dans l'organisation et la maîtrise du temps de travail à cet époque... Or le 2ème volet de cette franchise est bien plus poussé sur tous les points de vue, et donc forcément bien plus gourmand en heures de production. Et pourtant, grâce à "une amélioration de la façon de travailler en équipe" tout se serait bien passé, ou en tout cas mieux, d'après la direction ?
- Une des raisons pour lesquelles les employés permanents acceptaient ce fait, en dehors de la peur de perdre leur boulot, était l'espoir que le jeu fasse un carton et que cela donne lieu au versement d'un Bonus conséquent qui pourrait justifier toute cette galère... Mais parfois ce n'est pas le cas, comme l'exemple de Max Payne 3 le montre : mauvaises ventes, Bonus misérable pour beaucoup d'heures en trop en production... Pour Red Dead Redemption 2 ça ne sera surement pas le même cas, mais peut-on considérer que c'est suffisant pour justifier le recours au Crunch ?
- Il faut quand même noter que les employés qui n'ont que des mots très dur sur l'utilisation du Crunch lors de la production du jeu, n'en reste pas moins fiers du résultat. En termes technique et de créativité, Red Dead Redemption 2 reste une Master Piece, même pour les gens qui disent avoir souffert dessus plus que de raisons. Le problème vient entre autre de ce point : la fin justifie-t-elle les moyens ? Quand vous reprenez l'exemple tout au début de l'article, de transformer les cinématiques pour leur donner un aspect Cinémascope de bon vieux Western à l'ancienne, c'était la bonne decision d'un point de vue créatif, certes... Mais avoir l'idée et décider de l'implanter dans le jeu alors que toutes les cinématiques sont déjà finies, et que ça va demander des semaines à tout modifier mais que la Deadline ne bouge pas ???
- Le truc qui est un peu la cerise sur le gâteau de l'article, et qui a bien circulé sur le net, c'est que Rockstar a une vieille habitude, confirmée par les responsables de la boîte : si vous partez avant la fin de la prod, votre nom ne sera pas mis dans les Credits de fin du jeu, quel que soit le temps que vous ayez passé dessus en prod... C'est symbolique mais pour les gens qui ont souffert en prod sur un projet pareil et sont partis, pour des raisons liées ou non à ce fait, en cours de route, voir juste avant la fin, après avoir passé parfois des années sur le projet... Bah il faut comprendre que ça fait mal.
- Pour le coup, Rockstar Games a décidé de faire amende honorable pour le cas de Red Dead Redemption 2 (le côté rédemption du titre ou pour calmer les polémiques un tout petit peu ? ) en rajoutant les noms de tous les gens qui sont partis en cours de prod mais qui y ont passé au moins un an... Non pas dans le jeu avec un DLC, mais sur une page web de leur site, dont peu de gens connaissent l'existence et iront consulter pour ce genre de chose...
- Dans tous les cas, un très grand nombre de gens sur cette prod semble dire qu'ils considèrent que le Crunch était inévitable pour produire un jeu de cette qualité avant la deadline, mais que contrairement à ce que dit la direction, ce n'est pas un facteur à minimiser ni a mettre sur le dos d'un certain volontariat. C'est ce point la qui semble le plus avoir choqué les employés, anciens comme actuels, dans les déclarations de la direction : ne pas reconnaître leur sacrifice en terme de conditions de travail dans sa véritable ampleur.
Mais voilà, quand on y repense bien, le Crunch n'est "inévitable" que dans la mesure ou la Deadline ne bouge plus à un certain point et que la pression est telle de la part du public de Gamers pour avoir la suite, et de la part de la direction pour ne pas perdre ces Gamers dans un attente trop longue, qu'il faut tout faire dans l'urgence... Mais dans l'absolut, rien n'empêche de repousser cette Deadline en cas de réels problèmes ou de changement radicaux dans la production elle même. Et si les Gamers ne sont pas foutu d'attendre quelques semaines ou quelques mois de plus pour leurs jeux, et se mettent à faire du cirque sur les média sociaux, alors je pense vraiment qu'ils ne les méritent pas.
Pourtant c'est malheureusement un des facteurs à prendre en compte : certains Gamers, et en assez grand nombre, n'en ont rien à cirer de comment le jeu est fait, ni le temps que ça devrait réellement prendre pour être produit dans des conditions humainement saines (personne ne pourra me dire que de bosser 60+ heures par semaine c'est quelque chose de normal ou pas dangereux pour la santé physique / mentale. ). Quand vous matez sur les média sociaux le Hashtag #RDR2, vous tombez surtout sur les gens impatient d'avoir le jeu, les gens ultra-content d'avoir joué, les gens jaloux qui l'ont pas encore et qui sont impatient d'y jouer... Mais au final assez peu de gens qui s'inquiète des conditions de production.
C'est quelque part humain, car personne ne veut se gâcher son plaisir avec ce genre de pensées...
Sauf que c'est aussi un manque total d'empathie envers ceux qui ont permis ce petit plaisir en question, sans compter le fait que les Gamers eux même seraient sans doute très rare à apprécier que leur patron leur demande tout à coup d'appliquer le même genre de cadence...
Dans le tas, ce qui est encore plus perturbant quand on y repense, vous avez aussi des journalistes Jeu Vidéo, capable de couvrir la sortie de Red Dead Redemption 2 sans parler une seule fois de cette histoire de Crunch. Pas une seule ligne pour certains.
Et après, on a l'autre catégorie de gens, celle qui me surprend le plus : ceux qui veulent absolument nier le problème, voir même faire croire que c'est définitivement normal... Encore une fois, c'est pire quand vous tombez dans le tas sur des journalistes, qui prouvent par la qu'ils ont une notion très vague de leur métier qui doit se limiter à "testeur de jeux Deluxe qui va vous dire si c'est bien ou nul mais ne va pas aller voir l'envers du décors parce que... Je suis (pas) journaliste hein ! C'est pas mon boulot !".
Heureusement que quand ces gens se manifestent, on a quand même d'autres personnes qui ont eux des arguments en face pour répondre. Vous avez des personnes assez influentes sur Twitter par exemple, comme Thomas Romain ou encore Canipa, qui en ont profité pour dire que quel que soit ton boulot, ce genre de méthode n'est pas du tout une bonne chose. C'est quelque chose qui est destructeur de l'individu et ne mène pas forcément un rapport temps / qualité intéressant.
Petit exemple de réponse argumentée et avec contre-exemple par Canipa sur Twitter :
Or just stop setting release dates at the end of the year. A Rockstar game will sell at any time in the year. They publish it themselves, this was the result of intentionally refusing to avoid a year of overtime work for an extra bump in sales. https://t.co/CM1MjR9h8C
— Canipa - Metaphor Refantazio stan- @Canipa on Bsky (@CanipaShow) October 27, 2018
There's a TedX talk about it, but the main ones are changing production practises to identify and fix potential problems early on. The lights in the studio also switch off at 10pm. If someone tries to turn them back on, they turn off again 15 minutes after. https://t.co/SA35mPe8t5
— Canipa - Metaphor Refantazio stan- @Canipa on Bsky (@CanipaShow) October 27, 2018
Les gens qui font les choses correctement ne font pas forcément les choses moins bien. Et les gens qui ne s'intéressement pas à comment les choses se font, se rendent complices par ignorance. Les gens qui justifient le système en le trouvant normal, juste pour pouvoir profiter de leur jeux sans avoir d'arrière pensée, font eux partie intégrante du problème.
Toujours est-il que c'est un sujet qui devient de plus en plus inévitable, et que pour le coup, même s'ils ont été moins réactifs que Riot Game, Rockstar Games a néanmoins tenté de l'aborder quand Kotaku les a contacté... Ce qui prouve que même quand on tente d'en diminuer l'importance, on ne peut arriver qu'à une seule conclusion : le problème est réel.
Vous avez aussi de plus en plus de témoignages sur internet de la part de gens travaillant dans ce genre de conditions, avec parfois des situations paradoxales et des incompréhensions totales entre employés et direction sur les solutions possibles pour alléger le problème...
Je terminerais par l'exemple de ce Thread issus de Twitter (pour les non-Twittos, faut cliquer dessus pour lire toute la colonne. ) :
Thread: I worked at a AAA company once. When I started everyone looked so miserable after literally years of hard work & crunch. So late one night after work I baked 2 cakes for the office. I sent out a mass email & we all took 30 minutes to eat cake and talk.
— Jenn Sandercock (@JennSandercock) October 16, 2018
Reminder : "The Cake is a Lie"...
11:19 am
26 juin 2013
Ah et tant qu'à être complet : au Japon c'est pas mieux.
Voilà un Thread Twitter qui résume bien le problème, avec le cas de Sakurai et Smash Bro... Ou il est vrai que ça devient usant d'entendre les Gamers se plaindre qu'il n'y a pas tel ou tel personnage dans le mix et que Sakurai se tue à la tâche pour des gens qui ne semblent jamais vouloir être content du résultat.
Tired: 'Sakurai works hard' jokes.
Wired: Sakurai overworking himself to the point he's slowly losing use of an arm is part of the huge crunch problem in the industry that's not only perpetuated by big companies, but also by the incessant demand and expectation of gamers.
— Luis Illingworth (@HeyRaguio) November 1, 2018
Alors oui, ça a donné une armée de "Sakurai Jokes" sur internet, mais moi ça fait longtemps qu'elle ne me font plus rire.
8:30 am
26 juin 2013
Update en ce qui concerne Eugen Systems : ils auraient licencié 6 employés pour des raisons que l'on soupçonne être fortement liées au conflit cité précédemment (non sans avoir trouvé des excuses, vraisemblables ou non, pour le faire).
9:22 am
26 juin 2013
Et c'est au tour de Blizzard de nous faire bien comprendre que l'univers du Jeu Vidéo n'a rien d'un paradis ludique ou des Créatifs, Geeks / Geekettes et autres Nerds peuvent s'amuser à volonté pour faire naître des projets destiner à nous amuser le plus possible...
Car si la réussite est au rendez-vous, ça peut vouloir dire que... Bah on va virer des gens pour "aller encore plus loin" non ? C'est logique... C'est comme ça que ça se passe non ? C'est un actionnaire qui me l'a dit en raclant son pognon de sur la table pour se le mettre dans la poche...
Blizzard, qui vient à peine d'annoncer leur plus gros bénéfice de ces dernière années, en a profité pour virer 775 personnes d'un coup... Logique corporatiste je vous dis.
Autant dire que sur le net, ce n'est pas passé inaperçu...
DONC, le jour même où Activision Blizzard a annoncé à plusieurs centaines de ses employés qu'ils étaient licenciés, ils annoncent des résultats records. Presque 2 milliards $ de bénéfice annuel, du jamais vu. pic.twitter.com/macqOyzViX
— Oscar Lemaire (@oscarlemaire) February 12, 2019
As they brace for today's layoffs, Blizzard employees are crying and hugging in the parking lot, according to a person there. Still no official word from the company, but people in publishing and esports are expecting big cuts. Earnings is at 5pm ET - news should be around then.
— Jason Schreier (@jasonschreier) February 12, 2019
Y'a même pas mal d'anciens employé qui témoignent en expliquant que ce n'est malheureusement pas quelque chose de nouveau ni d'extraordinaire quand on connait bien ce milieu...
(Le tweet de témoignage que j'avais mis en exemple a depuis disparu, comme c'est curieux... )
Et ça fait repenser nostalgiquement certain à la politique humaine en matière de création du très regretté Iwata...
Business culture vs. Creative culturehttps://t.co/1AOB7irv3E
— Canipa - Metaphor Refantazio stan- @Canipa on Bsky (@CanipaShow) February 13, 2019
Voici d'ailleurs un article légèrement plus complet sur ses déclarations de 2013. Malheureusement, il aura fait un peu figure d'exception dans ce milieu, et c'est bien triste...
EDIT : je rajoute 2 articles de Polygon. Le premier analyse un peu plus les raisons possible, et très contestables, de ce licenciement massif. Le deuxième est un témoignage / réaction d'une femme qui bosse dans le milieu aux USA, et qui explique ses divers expériences vécues face a ces pertes d'empois qui peuvent arriver du jours au lendemain et qui n'ont souvent rien à voir avec la qualité du travail des gens ni même la qualité du dernier jeu sur lequel ils ont bossé...
14:07 pm
26 juin 2013
Retour sur le Japon, avec l'exemple de Nintendo, qui a fait des progrès depuis mais revient de loin et n'est pas encore complètement sorti de ses mauvaises habitude (même si Iwata avait déjà lancé une période d'amélioration comme je le disais déjà plus haut.).
Thread Twitter explicatif par Oscar Lemaire :
On est à la fin de l'année scolaire au Japon et Nintendo a mis à jour son site de recrutement de nouveaux diplômés (https://t.co/XaaMuwBgZ1), avec plein de données intéressantes, du coup j'en profite pour un petit thread, fait avec l'aide de @guythefighter. pic.twitter.com/b8up4nZ31F
— Oscar Lemaire (@oscarlemaire) March 1, 2019
EDIT : Je rajoute cet article assez cynique de Crunchyroll sur Sakurai (dont on a déjà parlé plus haut, il me semble) et sa fâcheuse tendance à travailler même quand il est malade, voir ne pas prendre sérieusement de repos quand il faudrait. Tout ça pour le plaisir des fans de Smash Bro... Que ce soit par décision personnelle, par nécessité ou autre, on ne peut pas dire que ce soit un bon exemple à suivre...
19:16 pm
26 juin 2013
Bon voilà, ça fait un moment que je voulais parler de ce qui s'est passé du côté de Quantic Dream, à l'époque ou ceux-ci préparaient la sorite de leur dernier jeu, Detroit Become Human, en pleine polémique suite à 3 articles sur les conditions de travail dans leur entreprise, par Mediapart, Le Monde et Canard PC.
Déjà je vais signaler une paire de truc à mon propos, histoire que les gens qui lisent comprennent que je ne suis pas parti-pris dès le départ, que j'ai suivit l'histoire d'un regard extérieur mais sérieux, en me basant uniquement sur les faits qui ont été rapportés et vérifiés pour le moment.
Donc premièrement, je ne suis plus trop Gamer, même si je l'ai été pendant très longtemps... La j'ai tout simplement plus le temps. Mais il faut dire qu'il y a vingt ans de ça, j'ai tenté la carrière de Graphiste dans le jeu vidéo. C'était un peu sauvage à l'époque, et je me sentais limité pour pas mal de choses en tant qu'artiste, du coup j'ai basculé vers l'animation traditionnelle.
Mais j'ai quand même toujours gardé un œil sur ce secteur du Jeu Vidéo car pour moi, c'est un peu comme de l'animation interactive... (d’où l'existence de cette partie du Forum )
Pour ce qui est de Quantic Dream, malheureusement, je ne suis pas fan de leur type de jeux... Car c'est pour moi un peu trop proche de films avec un minimum d'interaction, ce qui s'éloigne de l'image que je me fais d'un jeu... Après, je connais des gens qui aiment ça et je n'y vois absolument pas le moindre problème. C'est une question de goût.
Bref, j'ai une approche assez neutre de la question : ni fan, ni hater.
Du coup, quand la polémique a explosé, je n'étais dans aucun camp en particulier et je ne suis donc contenté de regarder les arguments des 2 côtés, de façon pragmatique, en me basant juste sur le bon sens de ces derniers pour savoir quel camp avait les meilleurs arguments... Mon but ici n'est pas forcément de dire tout ce qui s'est passé, mais de savoir s'il s'est passé quelque chose à la base, ce que nie la boîte en question.
Spoiler Alert : c'est devenu assez vite difficilement défendable pour Quantic Dream.
Déjà, que leur reprochait-on ?
1 ) L'abus de ce qu'on appelle le Crunch. C'est ce qu'à mon époque on appelait « le Rush » (oui, je commence à me sentir vieux), et qui couvrait la période ou il fallait mettre les bouchée double pour finir un projet, que ce soit avant sa sortie, ou même carrément quand on était en développement, pour que l'éditeur accepte ce dernier et passe le projet en production. En général, c'était clairement le « Rush final », une chose que vous pouvez même voir dans l'anime New Game (car l'auteur du Manga a lui même bossé dans le milieu et sait de quoi il parle). Mais pour le Crunch, il existe une différence de taille : celui-ci a tendance à devenir un mode de travail par défaut, et ce dès le début du projet en cours, comme on a pu le voir dans les différente partie de ce Topic depuis le début.
Beaucoup de gens pense que c'est dans l'optique positive de « se donner à fond », ou « se sortir les tripes »... Ok, mais en fait non. Se sortir les tripes absolument tous les jours, c'est pas du tout une bonne chose, et à force de le faire, vos tripes vont avoir du mal à repousser... Sans compter qu'à 30 ans, puis 40 ans, etc... Bah ça va devenir de plus en plus dur de manier le sabre pour vous sortir les tripes sans vous faire mal.
Donc, pour les warriors du boulot qui pensent que c'est une bonne chose, bon courage pour survivre au burnout, à l'overdrive, ou tout simplement à l'accident cardiaque du au stress...
2 ) Ensuite, dans les trucs qu'on leur reprochait dans l'histoire, vous aviez aussi l'ambiance dans la boîte elle même, principalement en matière de harcèlement moral et discriminations. Quand l'affaire à éclaté, pas moins de 50 anciens et actuels employés sont aller aux prud’hommes avec sous le bras une paire de documents, dont un fichiers contenant environs 600 photo-montages qui étaient en partage sur les serveurs de la boîte... Montages assez dégradants, mettant en scène des employés de la boîte elle même, et donc accessibles à tous.
On pouvait en voir certains sur l'article de Canard PC de l'époque, et croyez moi, c'était pas le genre de montage un peu con mais fun qu'on peut se faire entre potes sur un projet (même en anime, il nous arrive de le faire). La, on avait vraiment des truc assez crasseux, et si on m'avait fait un coup pareil personnellement, j'aurais lourdement hésité entre les prud'hommes et le fulguro-poing dans les dents de l'auteur (mais à chaque fois que je me renseigne la dessus, on me dit que c'est toujours pas devenu légal, donc va pour les prud'hommes... ).
Note après plusieurs mois de Stand-by pour cet article : depuis, Canard PC a mis en ligne la totalité de ses articles sur le sujet, en lecture libre, sous le titre Crunch Investigation. (Et y'a un sacré volume, rien que cet aspect est déjà assez effarant... )
3 ) Au milieu de tout ça, vous pouviez aussi trouver quelques remarques sur une bonne dose de sexisme, voir d'homophobie... Pour le coup, le sexisme est un réel problème dans le milieu du jeu vidéo. Si quelqu'un vous dit le contraire, je pense que c'est un mec à 98% de chance (pour ne pas éliminer les 2% de nana qui pourraient être de mauvaise foi sur la question). L'homophobie, j'avais un peu moins d'infos sur cette partie exacte de la polémique, du coup au départ je l'ai mise de côté en attendant d'avoir plus d'éléments.
Donc tout ça, c'est ce qu'on leur a reproché au départ. Et comme je le disais plus haut, c'est pas moins de 3 journaux, qui pourtant n'ont pratiquement rien en commun, qui ont lié leurs efforts pour enquêter sur la question. Très sincèrement, j'ai été assez étonné de voir des entités aussi divergente que Mediapart, Le Monde et Canard PC unis sur le même front.
Or c'est quand même une des bases quand vous vous renseignez sur quelque chose : trouver au moins 3 sources concordantes mais d'horizons différent. Et une alliance aussi improbable que ces 3 journaux au public bien différent, sur le même sujet, c'est quelque chose qui ne peut pas être mis de côté comme étant anodin. Soyons encore une fois logique et pragmatique : ces journaux ne pourraient pas faire front commun sur l'affaire si celle-ci était vraiment dénuée de contenu.
Un des articles récent, et non payant, sur la question : un résumé de la situation dans Le Monde Pixel. Je vais revenir plus loin sur certains des points qu'il aborde d'ailleurs.
Du coup, comment la défense a répondu à ces attaques ? (c'est aussi en parti dans l'article mais on va détailler un peu ce que moi j'en ai vu)
Beaucoup de gens du milieu du jeu vidéo se sont mis en avant pour défendre Quantic Dream sur les média sociaux... Mais j'ai quand même vite vu un énorme problème dans les déclarations de la très vaste majorité d'entre eux : une absence totale d'argument concret (Vous savez ? Le truc que moi j'aime par dessus tout et qui aide à comprendre une position ).
Je n'ai tout simplement pas réussi à trouver autre chose que des « Je les connais, ils sont pas comme ça, je suis sur que c'est faux » et très souvent mélangés à des « De toute façon, vous avez déjà vu comment ça se passe dans un studio de jeu vidéo ? C'est normal ces choses la... ».
Donc très fréquemment on essayait de nous dire que les gens ne faisaient pas ces choses, et en même temps que s'ils les faisaient, bah c'était normal ? Désolé, mais c'est l'un ou l'autre... Et même dans ce cas la, l'argument « c'est normal » est un des trucs les plus idiots que j'ai entendu dans l'histoire.
Ce n'est pas parce que tout le monde, ou beaucoup trop de gens, font une connerie que dans les faits elle devient « normale ». C'EST MÊME L'INVERSE. Ce n'est absolument pas normal d'en venir à considérer ce genre de chose comme normale !
Vous avez un autre cas qui est celui du « oui mais on sait pas, c'est peut-être vrai, peut-être faux mais dans l'attente... On va considérer que c'est faux je pense parce qu'en fait moi j'en sais rien et que j'ai pas accès aux sources et que les médias sociaux exagèrent tout et donc en attendant la justice je ne me prononce pas... Mais je penche quand même vers le fait que c'est faux ou alors que c'est la vie normale d'une société qui peut déraper comme toutes sociétés au monde et que dans le fond c'est sûrement pas bien tout ça mais que fait pas non plus que ça devienne une chasse au sorcière et... ».
Alors en gros, si vous voulez voir ce que ça donne, vous pouvez vous infliger les 19 minutes de cette vidéo de Julien Chièze, qui souffle le chaud et le froid de façon assez incroyable.
Note : je tiens à préciser que je ne fais pas non plus parti des Haters de Julien Chièze. Je me suis juste contenté d'écouter ses arguments et de les contre-balancer avec tout ce que j'ai trouvé ailleurs sur le même sujet.
Certes, il cite souvent la lutte contre toute forme de harcèlement, sexisme, et même le Crunch comme étant quelque chose de positif... Mais il y colle aussi systématiquement un bémol en y opposant des cas d'abus de victimisation, de police d'internet, jusqu'à une comparaisons avec le monde de Black Mirror ?? C'est un peu le grand écart...
Je peux aisément comprendre que c'est une vidéo qui est faite dans le feu de l'actualité et donc je peux lire facilement à travers le désordre de ses arguments qu'en fait il espère que tout ceci soit faux tout en étant quand même dans le doute en mode « Et merde... Et si c'était vrai ? ». Mais sur la fin de la vidéo, il devient assez clair qu'il a choisit son camp, malgré ses dires, vu que pour lui les seules choses qu'il faut en retenir c'est de se méfier des rumeurs, des chasses aux sorcières, et qu'il conclue presque avec une théorie du complot par rapport à la date de sortie de Detroit Become Human...
Par contre, je tiens à dire qu'il n'était pas le plus ardent défenseur de Quantic Dream sur le terrain médiatique : vous aviez des gens qui ne laissaient pas du tout la place au doute et qui apportaient leur soutiens aux accusés sans se poser la moindre question. Julien Chièze semble laisser la porte ouverte à la possibilité que son point de vue de départ soit entièrement faux.
Du côté de Quantic Dream, la direction s'est défendue en affirmant que jamais ce genre de comportement dégradants ne saurait être toléré dans l'entreprise. Le sexisme non plus. Et pour ce qui est de l'Homophobie, c'était de fait impossible car ils avaient travaillé avec Ellen Page (actrice ouvertement homosexuelle) sur Beyond : Two Souls.
Petit problème dans tout ça :
1 ) C'est dur d'être crédible quand David Cage, le patron de la boîte, fait ce genre de déclaration à un journaliste dans les locaux de son entreprise, alors que ce dernier a du mal à dés-hypnotiser son regard du dessin sur le tableau juste derrière Cage : une bite qui fait prout (pour parler clairement, d'après les descriptions bien plus poétique que j'ai pu en lire... ).
2 ) Difficile de se dire « absolument pas sexiste » quand l'un des jeu de Quantic Dream, Farenheit, comporte une scène bonus ou David Cage lui même est représenté dans un parking en train de danser avec l'héroïne du jeu... Qui, elle, est en sous-vêtements.
Ce n'est pas une rumeur, ce n'est pas une légende urbaine, c'est un fait vérifiable par absolument tous les gens qui ont eu le jeux en question, ainsi qu'en allant consulter un paquet de sites de News JV.
La, arrêtez vous 2 minutes et imaginez vous a la réunion de prod ou cette idée est sortie... Déjà je doute que quelqu'un d'autre que David Cage lui même ait pu proposer ce genre de chose, et même si c'était le cas, il aurait fallut obligatoirement que David Cage lui même soit entièrement d'accord avec l'idée d'être représenté personnellement dans cette scène au goût pour le moins douteux (mais non, enfin ! C'est de l'humour !... Comment ça, l'humour c'est sensé être drôle? ). Ensuite imaginez vous tous les gens qui, n'ayant pas perdu leur âme, ont eu un profond sentiment de dégoût en mettant tout en place pour la réalisation de la scène en question...
Faire danser l'héroïne du jeu sur lequel vous bossez, en sous-vêtements, avec le patron de la boîte dans laquelle vous bossez.
Joie.
(Je n'ose pas imaginer le pire : la situation théorique ou ça aurait réellement fait marrer tout le monde sur la Prod. Je pense même que c'est statistiquement impossible.)
3 ) Alors, pour ce qui est de l'homophobie et Ellen Page... Comme il est expliqué dans cet article de Business Insider, c'était une très très mauvaise excuse. Car oui, Ellen Page a carrément fait un procès à Sony, le distributeur du jeu, et déclaré qu'elle ne travaillerait plus jamais avec des gens pareils, après qu'on ait découvert que la version du jeu en vente dans le commerce, comportait dans ces données un modèle 3D représentant l'actrice nue...
Actrice qui n'était bien sur pas du tout au courant et qui n'a jamais donné son accord pour se retrouver à poil dans les données accessibles (via une playstation mise en mode Debug) du jeu en question (car si ces données n'avaient pas été accessibles, on n'aurait jamais su que c'était la. Ce qui est tristement logique). Notez d'ailleurs qu'Ellen Page n'est jamais apparue nue dans le moindre de ses films non plus, comme le précise l'article, ce qui rajoute un caractère délirant quand au manque de respect des gens qui ont bossé sur cette scène de douche...
Car, encore une fois, réfléchissez platement au problème : puisqu'il est impossible de voir le personnage joué par Ellen Page de façon détaillée dans cette scène, quelque soit l'angle de caméra, alors pourquoi avoir pris du temps de prod pour fabriquer de toute pièce un modèle détaillé d'Ellen Page nue ?
Donc, bah c'est assez peu défendable comme truc au final hein ?
A noter, par contre, que cela n'est en rien de l'homophobie : c'est un pur manque de respect de la personne, teinté de sexisme assez bassement pervers. Cela étant dit, c'est quand même très « maladroit » de citer comme caution morale une personne à propos de laquelle tu as été pris en Flag de manque de respect total.
Mais à l'époque qui nous concerne (avant la sortie de Detroit Become Human), ce genre de contradictions ne semblait pas traverser l'esprit des dirigeants de Quantic Dream dans leur plan de défense de leur réputation face au scandale naissant.
Le dossier était pourtant lourd, avec beaucoup de pièces à charge...
Ce qui ne les a pas empêché d'attaquer en diffamation 2 des 3 journaux à l'origine du dossier principal. Alors oui, seulement 2 sur 3 car Canard PC y a miraculeusement échappé... Mais il n'y a sûrement pas trop de miracle dans l'histoire car des 3, c'est celui qui compte le plus pour les Gamers et du coup on le laisse filer même s'il a agit de concert avec les 2 autres. Surtout qu'en plus la sortie de Detroit : Become Human n'était pas loin, et qu'il allaient sûrement en faire la Review, chez Canard PC...
En gardant toujours une certaine logique en tête, il reste assez difficile d'expliquer autrement ce fait. Si vous avez une autre explication logique, avec des éléments d'argumentation qui peuvent expliquer ce « traitement de faveur » pour Canard PC lors du dépôt de plainte, je suis dispo pour entendre tout ça.
EDIT : on m'a fait part d'une théorie franchement défendable, et un peu ridicule... Mais défendable donc je la cite ici. Voilà, Quantic Dream a attendu le dernier moment, la limite légale, pour porter plainte (vois la vidéo d'Un Drop dans la Mare plus bas). Or, à cette époque Canard PC a changé d'adresse... Il est fort probable que le courrier d'assignation soit donc parti à la mauvaise adresse et que le délais était tellement millimétré qu'il a été impossible de leur renvoyer un autre courrier avant que la date limite ne soit dépassée. Faut avouer que si c'est vrai, ça serait très con mais, encore une fois, ça paraît franchement plausible.
D'ailleurs, parlons en un peu de cette sortie... Car c'est quand même un problème d'avoir cette polémique sur le studio et de traiter le jeu en Review comme si cette histoire n'existait pas... La presse américaine du jeu vidéo s'est d'ailleurs posé la question, et ça les embêtait vraiment, surtout avec le ménage qui est en train de se faire la bas avec MeToo, etc.
Comme je l'avais déjà dit plus haut dans le Topic, certains journalistes se demandaient même si la pression des joueurs pour avoir des jeux toujours plus beaux, plus vite, n'avait pas contribué d'une façon ou d'une autre à cette culture de sauvagerie de prod actuelle, exacerbant les problèmes de Crunch, de Harcèlement et de Sexisme par la même occasion.
Julien Chièze en parlait dans sa vidéo comme d'un élément sans doute mauvais mais logique de la situation actuelle de la prod en JV... Logique par rapport au contexte général de la prod mondial et du rapport Gamers / Game Studios, certes. Mais encore une fois, il faut se rentrer dans le crâne que ce n'est pas une situation « normale », et qui doit encore moins être normalisé par des remarques genre « tout le monde fait comme ça donc bon... ».
De ce côté la, et encore une fois c'est un élément qui est repris dans la vidéo de Julien Chièze aussi, la presse internationale du JV se montre souvent pas tendre avec Quantic Dream et David Cage en particulier. Mais cette fois, on peut dire que l'écho de cet affaire aura été plus large, allant de Kotaku à The Guardian par exemple...
Un des thèmes récurent est de lier assez directement la culture interne de la boîte à la personnalité même de son patron le plus proéminent : David Cage. Il faut dire que c'est souvent lui qui se met en première ligne pour éteindre les incendies médiatiques qui leur tombent dessus.
Il arrive même qu'on ne puisse absolument pas le contredire, comme les accusations d'apologie de violence sur enfant pour le trailer de Detroit Become Human. C'est con mais effectivement, la séquence que cette polémique concerne dans le jeu n'est en rien de l'apologie car elle ne présente absolument pas la chose comme étant positive, bien au contraire...
Donc la, quand il se défend sur ce terrain, c'est un point pour David Cage.
Après, il a eu plus de mal, toujours avec le même jeu, à défendre toutes ses références au mouvement de l'émancipation de la communauté noire américaine. Dans plusieurs interviews, il reconnaît les références mais en même temps il tente de leur enlever toute signification politique. Ce serait peut-être défendable en Europe, en parlant d'une approche philosophique, mais pas aux USA, ou la chose est encore bien vivante politiquement de nos jours. Il suffit de lire en exemple cet article, assez franchement à charge, de chez io9 pour comprendre que le sujet est hyper sensible la bas...
Pour la France, le traitement a été plus... Nuancé... Voir absolument totalement excessivement prudent qu'il ne faut pas juger de rien avant que la justice nous dise tout parce que houlalala...
Oui, ok, on retombe un peu sur ce qu'avait tenté de nous faire passer Julien Chièze. En même temps ce n'est pas pour rien que je l'avais pris comme exemple, vu qu'il incarne très bien ce point de vue.
Un Drop dans la Mare en a parlé aussi dans une vidéo sur le sujet, cette fois concernant l'absence de volonté de la part de Jeux-vidéo.com de traiter la News.
C'est la première partie de la vidéo :
(La vidéo marche, c'est juste qu'elle s'affiche pas sur le forum. Faut Cliquer le link. )
Alors sincèrement, il y a prudence et hypocrisie... La prudence devient de l'hypocrisie à partir du moment ou vous n'appliquez pas les même standard de traitement à chaque News. Si vous traitez souvent de rumeurs diverses mais que tout à coup vous vous mettez à dire « je traite pas ça, c'est une rumeur » alors qu'en fait on dispose d'une somme assez conséquente d'éléments concrets... Bah c'est un touuut petit peu hypocrite quand même, hein ?
Après, y'a aussi la méthode qui consiste à attaquer la crédibilité des sources de ces éléments... Je pense d'ailleurs que certains lisant ces lignes vont avoir envie d'attaquer mes propres sources comme n'étant pas des trucs sérieux ou alors qui sont orientés à la base.
Encore une fois, le truc est simple : la seule façon d'attaquer une source, c'est d'avoir un contre-argument qui prouve que cette source est dans l'erreur. Dire : « Machin c'est des bouffons, ils écrivent que des conneries ! », juste parce qu'il est arrivé à Machin d'écrire des conneries dans le passé, ça n'est pas suffisant. Il faut aussi prouver que Machin dit des conneries dans le cas actuel.
Si vous ne pouvez pas prouver, même après recherches intensives, qu'une source dit des conneries... Et bien il serait peut être temps d'envisager que ce qu'elle dit n'est sans doute pas complètement faux.
Ce qui fait que Quantic Dream a beaucoup de mal à passer pour totalement innocent dans cette histoire... Et c'est aussi sûrement une des raisons pour laquelle leur plainte pour diffamation contre les ex-salariés a été classée sans suite.
Je pense que ce Tweet de Marie Smog est assez clair sur ce sujet (Bonus : une partie des photomontages trash. ) :
https://twitter.com/MarieSmog/status/1097790072232075264 (EDIT : le compte a depuis été suspendu par Twitter mais les photos étaient bel et bien celles présentées dans les articles qui ont dénoncé le scandale)
Alors, Full Disclosure, c'est elle même qui m'a proposé d'aller voir sur son compte Twitter si des éléments qu'elle postait (étant directement touchée par les événements) pouvait m'intéresser pour mon article. Et bien-sur, vu comment elle se fait attaquer sur Twitter, je me doute que certaines personnes vont vouloir mettre en doute sa parole ici aussi. Le truc c'est que pour ce que j'en ai vu, elle poste des éléments de sources pour alimenter son argumentation et tente d'expliquer poliment son expérience.
Et j'ai vu beaucoup de gens lui répondre que ce n'était qu'un point de vue ou une opinion, pas la vérité... Des gens qui très souvent ne sont pas du tout directement concernés par l'histoire et qui n'ont pas non plus le moindre contre-argument.
Du coup, encore une fois, rappel : si vous n'avez pas d'arguments ou de contre-arguments, ce n'est pas la peine de venir l'ouvrir pour dire qu'une personne a tort alors que vous n'avez rien pour le prouver de votre côté.
Pour ma part, je vois mal Marie Smog poster un Fake d'un jugement de tribunal sur les média sociaux, ce qui serait carrément illégal.
Le document stipule bien que Quantic Dream a échoué à caractériser le délit pour lequel ils portaient plainte. Ce qui veut dire... Qu'il n'avaient pas assez d'arguments ?
Pour le moment donc, une chose est quand même relativement sûre : il y avait clairement un paquet de problèmes chez Quantic Dream et la seule et unique position de défense qu'on a pu voir c'est de dire que c'était soit faux, soit exagéré, soit « normal » dans le milieu.
Seul le 2ème point peut faire débat (sur l'exagération ou non), mais les 2 autres ne sont absolument par des positions tenables.
~
Episode Bonus n°1 : Le Symbole Chloé.
Spoiler Alert pour les gens qui ne connaissent pas le jeu Detroit Become Human, on va parler de l'étrange destin d'un personnage particulier et très important : l'Androïde Chloé.
J'ai mis cette partie de mon article complètement à part pour la détacher des problèmes ayant lieu dans le Studio lui même, mais je me suis dit que c'était quand même une plongée dans la psychologie de ceux qui créent ces jeux...
Et c'est... Très très perturbant.
Alors voilà, Chloé est l'androïde assistant le joueur. Cette androïde est particulière dans le sens ou elle a acquis la conscience de soi, ce qui en fait un être « vivant » à part entière d'un point de vue purement philosophique, ou pour être plus précis, un être « conscient ».
Or, a un moment du jeu, il vous est donné la possibilité de libérer Chloé de son rôle d'androïde-esclave, d'objet sans âme, et de la laisser partir pour mener sa propre vie. C'est un choix éthique qui est très intéressant dans le jeu, et il est aussi intéressant de se pencher sur les raisons qui vont vous poussez à le faire ou non.
Certaines personnes vont choisir de ne pas la libérer malgré le fait qu'elle soit consciente, d'autre vont choisir de la libérer.
Dans la première catégorie :
1 ) Ceux qui, malgré tout, continuent de considérer Chloé comme une machine.
2 ) Ceux qui savent qu'elle est plus qu'une machine mais n'en ont rien à cirer de ses aspirations personnelles.
3 ) Ceux qui sont en mode « Rien à foutre, c'est qu'un jeu, Chloé existe pas et j'ai besoin d'elle pour aller voir la fin » (et au passage Rien à Foutre du message philosophique du jeu ).
Dans la 2ème catégorie :
1 ) Les gens qui en viennent à considérer Chloé comme une personne ayant sa propre volonté, donc le droit de mener sa propre vie.
2 ) Les gens qui ont juste cliqué la dessus pour voir si ça allait changer quelque chose au jeu lui même, mais n'en avait pas grand chose à battre de la philosophie derrière tout ça.
Or, il se trouve que dans les échanges entre les Gamers et Quantic Dream, on pouvait trouver quelque chose de récurent : certains, issus de la catégorie qui a libéré Chloé, voulaient... Bah tout simplement pouvoir avoir de ses nouvelles ! Savoir si elle s'en sortait bien de son côté, garder le contact, voir même lui proposer de venir aider de son propre chef...
Ils ont donc demandé à Quantic Dream de proposer un DLC permettant de reprendre contact avec Chloé.
La réponse, après mûres réflexions, de Quantic Dream :
(Spoiler) A lot of players asked us to « bring back Chloe » after her release. We decided to follow the popular vote: @Detroit_PS4’s next patch will allow you to acquire a brand new model (but your original Chloe will still be free). pic.twitter.com/FBt59FrJC2
— Detroit: Become Human (@Detroit_Game) June 10, 2018
Oui, vous avez bien lu : ils vous proposent de RACHETER UNE CHLOÉ identique.
Je re-précise bien : dans toutes les catégories de gens qui ont eu le choix à faire, on répond ici à un attente de la part de gens qui considèrent Chloé comme une personne consciente et sont anxieux d'avoir de ses nouvelles.
Et la réponse des développeurs est : « bah c'est pas grave, vous pouvez en racheter une... »
Donc, plutôt que de développer un DLC complet avec du contenu original, ce qui pourrait être franchement compliqué, ils ont choisi cette solution qui va totalement à l'inverse de la demande...
Au pire, ils auraient pu tout simplement répondre aux fans : Chloé va bien mais ça serait trop compliqué de mettre en place son retour dans le système de jeu.
Non... On vous dit de façon hypocrite : « Si Chloé vous manque, rachetez en une !... Ah euh comment ça, c'est considérer Chloé comme un objet en série et pas un être conscient... Et que c'est pas la même Chloé, celle dont vous vouliez des nouvelles et que euh... je... vous êtes pas content ? »
Vous avez eu votre lot de réactions hyper-négatives, principalement de la part des gens qui ont libéré Chloé parce qu'ils la considéraient comme un individu à part entière.
So what's the message here? "Be free, my android, and live your new free life...
...because you're getting replaced with a new model!"
Like, did you play your own game? Remember Daniel?
— Drue Dannible (@HGemsReviews) June 11, 2018
This defeats the entire purpose of the message of the game. Albeit handfisted, going back on an important choice like ASKING TO BE FREE and having actual impact is not a good idea.
— WonderGamer101 ("caleb's quest" in pinned) (@WonderGamer101) June 11, 2018
You still have the possibility Not to acquire a new Chloe if it makes you feel bad :-). It was much debated at the studio as well...
— Detroit: Become Human (@Detroit_Game) June 11, 2018
Et comme on peut le lire dans cette réponse de Quantic Dream : pour eux la responsabilité de racheter ou non une Chloé est sur le joueur !... Sauf que la responsabilité du fait de rendre possible le rachat d'une Chloé par le joueur est entièrement sur les épaules de l'équipe de développement... Qui en a d'ailleurs longuement débattu d'après leur Tweet.
Débattu, pour arriver à la conclusion que les gens qui avaient libéré Chloé pour des raisons éthique et voulaient prendre de ses nouvelles... Seraient content de racheter une Chloé identique à la place.
Les seuls qui étaient content sont dans la catégorie qui a libéré Chloé « juste pour voir », et voulaient récupérer leur accessoire... Et c'est donc vers ces gens la que la solution s'oriente, pas envers ceux dont le choix était éthique à la base.
Personnellement, je considère que ça rend totalement hypocrite le fameux message du jeu, et que ça en dit long sur l'approche de ce genre de question par la direction du Studio elle même...
~
Episode Bonus n°2 : Le non-licenciement qui rapporte gros.
Alors cette fois on va parler d'une « anecdote » qui était souvent citée en parallèle de toutes les histoires de harcèlement, etc. C'est plutôt l'histoire d'une magouille financière légale mais franchement pas honnête : les cas de licenciement de type rupture transactionnelle de contrat, et surtout celle concernant Guillaume de Fondaumière, qui est... Un des 2 principaux dirigeants de la boîte.
Comme l'explique par exemple cet article de Game Kult (mais il n'est pas le seul), celui-ci aurait été licencié fin septembre 2016 pour toutes sortes de mésententes et de comportements qui auraient été incompatibles avec la poursuite de son activité dans Quantic Dream d'après... David Cage, le grand patron de la boîte. Avec la procédure de rupture de contrat transactionnelle, Guillaume de Fondaumière est donc parti de Quantic Dream avec 60 à 100.000 € (la somme varie en fonction des sources) de prime de licenciement. Vu que la rupture était transactionnelle, Quantic Dream n'a pas eu à payer de charge dessus.
Sauf que voilà, comme l'indique l'article, ce dernier a été immédiatement ré-embauché dans la boîte, avec une augmentation de 2000€ / mois en prime !!
Alors ok, c'est parfaitement légal de faire ça... Mais on retombe encore sur le cas ou ce n'est absolument pas NORMAL de faire ça. C'est ce que les américains appelle « Gaming the System », ou abuser d'une possibilité légale pour faire une opération pour laquelle elle n'a pas été prévue.
Vous noterez dans l'article que la seule défense de Guillaume de Fondaumière serait qu'il ne s'est pas auto-licencié (ce qui avait été rapporté au départ, mais qui est effectivement de fait impossible administrativement) dans cette histoire... Sauf que si c'est tout, ça ne change absolument rien à rien. Que ce soit lui ou David Cage, le simple fait qu'il se fasse virer pour des raison d'incompatibilité totale mais réintègre la boîte direct derrière... Bah vous n'avez qu'une seule et unique possibilité crédible : c'était un coup arrangé à l'avance.
Et donc, si je ne me trompe pas, il aura gagné dans l'opération :
1) 60 - 100.000 €, avec lesquels il aurait racheté 8% de part de la boîte d'après Mediapart.
2) Une augmentation de salaire de 2000€ / mois.
3) La possibilité de toucher le chômage au cas (assez improbable ) ou la boîte coule, ou qu'il se fasse encore licencier. Car un patron dont la boîte coule n'a pas le droit au chômage... Or la il me semble que ça rend la chose possible (vous pouvez me corriger si je dis une bêtise ).
Avec tout cet argent, ils auraient sans doute mieux fait de donner un Bonus supplémentaire à tous leurs salariés, ça m'aurait personnellement paru plus éthique que de viser un enrichissement personnel sur le dos d'un système sensé être au bénéfice des salariés en cas de licenciement... Mais bon, pourquoi donner de l'argent à 150 personne qui fabriquent les jeux que tu vends, quand tu peux tout donner à un seul gus de cette façon, hein ?
17:54 pm
3 septembre 2013
17:49 pm
26 juin 2013
Allez, cette fois c'est au tour d'Electronic Art / BioWare de montrer à quel point la production d'un jeux vidéo peut être un chaos infernal apocalyptique...
Dans cet interminable article de Kotaku, vous allez pouvoir apprendre comment Anthem a pu mettre 7 ans à être produit, après avoir changé plusieurs fois de nom, et plusieurs fois de leader de prod, après avoir lutté pour être produit sur le moteur de création Frostbite, qui n'avait jamais été conçu pour ce genre de jeu... Genre qui a d'ailleurs évolué plusieurs fois aussi au point même pas 2 ans avant la sortie (soit après 5 ans de prod), les gens qui bossaient dessus ne savaient pas pour autant exactement quel genre de jeu était sensé être Anthem au final...
Le passage ou la possibilité pour les joueur de voler dans le ciel avec leurs armures a été implanté, puis enlevé car compliqué à mettre en pratique pour beaucoup de raison (entre autre : pourquoi s'embêter à développer un paquet de choses dans un environment que tu peux tout bêtement survoler ? ), puis remis à l'arrache pour impressionner le Boss de la boîte qui avait détesté la démo précédente,... Pour au final ne toujours pas savoir si ça serait dans le jeu à la fin...
Tout ça pour se rendre compte que ce n'est pas pour rien que le jeu définitif n'a absolument aucun rapport avec les précédentes démos qui avaient circulé...
En gros, il a été fait en pleine guerre entre les différentes branches de la boîte, avec une suite de logiciel pas prévu pour, sans réelle vision ni direction artistique, ni direction de prod stable... Et a bien sur été fini dans une série de Crunch ultra-violent...
Pour, au final, décevoir à mort la plupart des joueurs vu la pauvreté du Gameplay et les nombreux bugs ou autre aberrations, comme la plus connue d'entre elle : le fait que l'arme de départ niveaux 1 était en fait plus efficace que plusieurs armes de niveau 45+...
Du coup, ça donne encore un jeu qui a épuisé la santé mentale des gens qui ont bossé dessus, tout en nécessitant d'être corrigé de maintes fois après sa sortie dans le commerce pour des choses idiotes logiquement assez évidentes pour être repérée en cours de prod...
Les gens qui bossent la dessus en sont réduit à espérer le plus gros flop possible pour que la direction accepte enfin d'ouvrir les yeux sur le fait que ce n'est absolument pas comme ça qu'il faut continuer de produire les jeux vidéo. Mais on y est malheureusement pas encore arrivé, ça cette prise de conscience.
0:48 am
26 juin 2013
Pendant ce temps, chez Activision / Blizzard...
Tout va bien. https://t.co/DgVS8mVsOw
— Oscar Lemaire (@oscarlemaire) April 11, 2019
Heureux de voir que tout va bien...
20:14 pm
26 juin 2013
Hop ! On rajoute NetherRealm / Epic Games et Fortnite à la liste...
Les conditions de travail sur Fortnite ont délié les langues d'anciens travailleurs de NetherRealm Studios et ce n'est pas beau à lire.
D'après ce premier thread sur MK9 le crunch était prévu dans les plannings dès le départ et s'est intensifié depuis.https://t.co/i38ztpgiAv— Bas Gros Poing (@basgrospoing) April 25, 2019
EDIT : un article de Polygon sur le sujet, qui explique entre autre que le jeu, victime de son succès, a engendré par derrière un paquet de problème pour les Teams qui devaient veiller à son évolution / développement dans le temps.
15:00 pm
26 juin 2013
Et allez, je veux vraiment être complet le plus possible, donc je vous rajoute cette tribune sur Games Industry qui dénonce la collaboration Industrie du Jeu Vidéo et "Influenceurs"... Oui, justement, c'est la que je me dis que les Gamers devraient un peu plus penser par eux même plutôt que de se laisser "influencer" par qui que ce soit pour accepter un paquet de choses du moment qu'ils ont leur jeux à la fin...
22:04 pm
10 octobre 2015
Article de Kotaku sur la manifestation à Riot games par rapport au harcèlement sexuel. Au moins ça fait plaisir que les employés de ce secteur se mettent à manifester pour leur droit et j'espère que ça va influencer d'autres personnes qui sont dans des conditions similaires. Après, il faut espérer que les gens "au-dessus" comprennent la situation…
https://kotaku.com/riot-employees-prepare-for-walkout-today-1834553458/amp
13:20 pm
26 juin 2013
Et on rajoute à ça la fait que les exemple de succès avec des conditions de travail parfaitement acceptable, ça existe !
Exemple avec Slime Rancher, un jeux Stream dans lequel tu devient éleveur de Slime et qui a bien cartonné depuis qu'il est sorti ! Un article du site Vice nous décris un peu le phénomène et l'avis des gens qui ont bossé dessus.
La phrase à retenir :
The more players think games are worth devs being miserable in order to deliver them on time, the more we’re dehumanized
Good Job !
EDIT : Je rajoute à la catégorie le RPG Open World Outward, jeu à succès qui a visiblement été réalisé avec ZERO CRUNCH !... En fait comprendre par la que personne n'a fait plus de 52h / semaine, pendant plus de 2 semaines de suite. C'est l'échelle de valeur que s'est imposé le patron de la boîte canadienne... Du coup même en étant en dessous de cette limite en permanence, c'est pas de tout repos non plus...
Et pour tout ceux qui se sont toujours demandé ce que ça voulait dire de bosser sur quelque chose de vraiment colossal tout en tentant de maintenir un niveau de stress et d'heure sup qui ne te tueras pas... Je vous présente :
LE TITANESQUE DOCU SUR GOD OF WAR ! (2 heures ! )
RAISING KRATOS !
Alors maintenant, imaginez ça et rajoutez de très très mauvaises conditions de travail et vous aurez un peu une idée de l'enfer que représentent les cas qu'on a cité dans les Post précédents...
8:55 am
26 juin 2013
Allez, une petite insulte à la profession en un seul titre ? Les Gamers qui Stream sur Twitch et qui sont connu en tant qu'influenceurs (je hais ce truc ), peuvent parfois toucher 50.000+ $ en UNE HEURE pour promouvoir, de façon plus ou moins claire, un jeu qui vient de sortir. Et certains d'entre eux auraient des contrat à long terme pour la promotion, dont le montant peut approcher voir dépasser le million...
Et maintenant, mettez vous dans les bottes d'un développeur de jeu, sous le Crunch, le harcèlement d'entreprise, pour fabriquer le dit jeu que ces "influenceurs" vont présenter de manière parfois faussement candide / totalement hypocrite... Vous voyez un type profiter de tout votre travail acharné et empocher en à peine une heure ce qui correspond à votre salaire annuel...
Pour les grosse boîte, c'est du marketing très intelligent et très efficace... Mais y'a quand même vraiment un truc qui cloche dans la répartition des moyens quand on voit ce genre de décalage entre la Prod et la Com...
Most Users Ever Online: 405
Currently Online:
11 Guest(s)
Currently Browsing this Page:
1 Guest(s)
Top Posters:
Fresh: 389
Charrys: 243
macromaster_42: 239
tsatse: 231
lololeboiteux: 160
FrozenOwl: 154
itaf: 142
Fenix in Paris: 139
hunterogue: 125
Poyjo: 62
Member Stats:
Guest Posters: 144
Members: 185
Moderators: 0
Admins: 1
Forum Stats:
Groups: 3
Forums: 8
Topics: 1546
Posts: 14736
Newest Members:
voidless-city, Devil, Dirhar2323, villagetalkies, Enzo, Tonya, Nyxie, ilovebakugo, dovewantstobreakfree, nyappyAdministrators: Marco Sensei: 11187