23:23 pm
27 septembre 2015
Après The Breadwinner et Les hirondelles de Kaboul, voici le troisième épisode des « Talks back de l'horreur », nommés ainsi, non du fait de la qualité des films ainsi commentés, mais du fait de la déprimante gravité des sujets qui y sont traités.
Je suis allé voir « Josep » avec une certaine appréhension : je savais quel thème y serait traité, et vu l'actualité extrêmement morose du moment, aller voir un film sur des camps de concentration du sud de la France ne m'attirait que moyennement.
1939 : non, pas le début de la seconde guerre mondiale, avant. En février, en Espagne, Franco commence son grand nettoyage : éliminer toute population non espagnole. 500.000 personnes, dont beaucoup de catalans, fuient le pays et se réfugient principalement… en France. Dépassé par ce flux migratoire, le pays des Droits de l'Homme décide de créer des camps de concentration dans lesquels sont entassés hommes, femmes et enfants dans des conditions abominables d'hygiène et de famine, sous la surveillance bienveillante des gendarmes et des tirailleurs sénégalais. (Ça vous rappelle quelque chose?)
L'histoire raconte la rencontre et l'amitié entre l'un de ces réfugiés et un gendarme. Elle se passe à deux époques différentes : en 1939, mais aussi à l'époque moderne, où le gendarme, devenu grand-père, raconte son histoire à son petit-fils Valentin, un ado passionné de dessin. Le réfugié, qui se réfugie aussi littéralement dans le dessin pour surmonter les effroyables conditions de son enfermement, c'est Josep Bartoli, qui deviendra dessinateur de presse et peintre aux Etats-Unis et au Mexique, et sera le dernier amant de Frida Kahlo.
L'histoire est belle et émouvante, et malgré la gravité du sujet, on ne peut s'empêcher de ressentir à la fin un souffle d'optimisme. Si l'histoire est racontée à Valentin par son grand-père gendarme, on sent bien que son grand-père spirituel est Josep, qui toute sa vie à utilisé l'art pour surmonter les horreurs de son existence.
Côté animation, il y a un contraste voulu entre l'époque moderne, très fluide et colorée, et l'époque passée, sombre, noire et blanche, avec une animation minimaliste qui tend parfois vers le dessin statique. Bien que ce choix soit certainement dû à des considérations budgétaires, inévitables pour ce type de production, il y a aussi une volonté manifeste du réalisateur, Aurel (lui-même dessinateur de presse) de raconter ce sombre passé au travers des dessins et caricatures que Bartoli a réalisé à cette époque, et donc de s'en rapprocher dans l'animation. C'est une belle réussite, même si, sur la fin, on accueille le retour de la couleur avec un plaisir non dissimulé, comme une grande respiration.
Comme toujours, je ne peux que vous encourager à soutenir l'animation française en allant voir ces films, qui, bien que graves et parfois tragiques, font toujours réfléchir, et nous montrent qu'il est possible de réaliser de belles œuvres animées, originales, et même multi-primées, avec des moyens bien inférieurs aux productions américaines.
11:35 am
26 juin 2013
Pour ceux qui veulent participer à la suite, je remet ici nos règles internes pour un bon Talk Back.
Les règles d'un bon Talk Back :
- Parlez de tous les points positifs et négatifs que vous avez vu, ne vous contentez pas de "j'ai bien aimé" ou "c'était nul".
- PAS DE SPOIL. Si vous avez besoin de parler d'un des passages du film pour votre argumentaire, vous avez un outils Spoiler pour cacher votre texte.
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