Bon ça fait un très long moment que je dois faire cet article... Mais ça vient, ça vient... On va commencer doucement par expliquer le concept : les préjugés sur l'animation japonaise ça existe encore ! 

Non mais je déconne pas ! Il ne se passe pas une année sans que j'ai une personne ou deux dans les parents de certains de mes élèves en anime qui me sort des truc à propos de leurs enfants genre 'ont sait plus quoi faire, il / elle ne dessine que des trucs Manga..." en mode sous-entendu "c'est grave docteur ?".

Et j'ai aussi ça de la part de certains collègue prof d'anime pour qui seul Disney avait raison et depuis c'est tout de la merde... Surtout si en plus c'est Japonais ! 

Ah, Sauf Miyazaki bien sur mais sinon, euh non y'a personne à sauver... Le reste c'est tout saccadé et y'a jamais plus de 8 frames / Sec, c'est pas du boulot ça ! Nous on fait mieux hein !... 

Ah oui bien sur les gens en question qui disent tout ça n'y connaissent absolument rien, mais ça ne les empêche pas de juger quand même sans savoir, hein ? 

Exemple du genre de logique imparable que j'ai aussi entendu :

- Les dessin-animés japonais c'est vraiment nul... 

- Bah, t'as regardé quoi pour en arriver à cette conclusion... C'est quel anime qui t'as dégoûté à ce point ? 

- Mais j'en regarde pas ! vu que c'est nul... 

- ... 

Et ça fait malheureusement 20 ans que ça dure... 

Oui, oui ! La aussi c'est pas une figure de style, ça fait VRAIMENT 20 ans que ça dure, comme le prouve le magnifique Top 10 des préjugés sur l'animation japonaise, daté de 1995, que j'ai retrouvé sur le Net ! 

Comme il est assez dur à lire sur la vielle page des années 90, je vous le remet ici (je ne pense pas que l'auteur m'en voudra... ):

1 - C’est mal dessiné.

Les dessins des manga et de l’animation procèdent dans une tradition esthétique qui délaisse la transcription d’une réalité photographique au profit d’une stylisation suggestive. Il n’y a pas de contraintes formelles au niveau du genre contrairement aux BD occidentales où les dessins du style Astérix ne peuvent pas illustrer des intrigues "sérieuses". Il n’y a pas non plus d’homogénéité graphique le long d’un récit. Ces ruptures de ton et de style sont un des ressorts de l’humour japonais.

 

2 - C’est mal animé.

Il existe au Japon trois échelons de qualité dans le domaine de l’animation les films d’animations, qui bénéficient d’un budget et d’un temps de conception proche de ceux d’un film (disons, avec acteurs) les O.A.V. (Original Animation Vidéo)dont les ressources financières et les délais de réalisation sont moindres ; les séries T.V. dont le budget n’a pas augmenté depuis 10 ans (alors que les coûts de production se sont considérablement élevés). En France vous n’avez pu voir que les séries T.V. En outre ces séries sont souvent fabriquées en sous-traitance dans d'autres pays d’Asie, ce qui n’ajoute rien à la qualité du dessin. Enfin, il faut savoir que les Japonais préfèrent passer plus de temps sur l’ambiance, les décors, la mise en scène que sur l’animation elle-même.

 

3 - C’est violent.

Le manga et l’animation étant des supports artistiques, il serait arbitraire de les cantonner à certains types de récits (du genre "pour la famille" de l’entreprise Disney). Tous deux sont généralement destinés à un public adulte ou adolescent, alors que les diffuseurs et éditeurs français les destinent à un public d’enfants. Il y a donc un décalage flagrant.

La violence dénoncée dans ces "japoniaiseries" est une violence décalée et si hyperbolique qu’on ne peut la prendre au sérieux. C’est le cas aussi dans des séries comme Batman. Une image dessinée n’est-elle pas toujours moins agressive qu'une image réelle et froide ? Ne se dénonce-t-elle pas elle-même comme fiction ?

Dire qu’une forte dose de dessins violents pousse à la délinquance est absurde quand on sait que le Japon, premier pays abreuvé par lesdit dessins, est le pays où le taux de criminalité est le plus faible !... Enfin, pensez-vous vraiment que Candy, Maya l’abeille, Tom Sawyer, etc. soient des archétypes de violence ?

 

4 - C’est sexuel (érotique, porno !?!).

Mis à part le problème de distribution évoqué dans la 3ème raison, il faudrait relativiser cette affirmation. Dans le manga et l’animation il y a des secteurs réservés aux adultes (érotique) et d’autre aux adolescents (fort pudiques !). Les Petits malins ou Cat’s Eye ne sont évidemment pas à classer dans la 1ère catégorie, c’est aussi le cas de la plupart des animés diffusés en France.

En fait, il semble que cette mauvaise réputation participe d’une stratégie commerciale comme celle des éditions Glénat ou Mangavision, pour ne pas les citer. Chacun sait qu’un sulfureux parfum de scandale fait vendre plus que tout autre type de publicité... (euh, je m’emballe peut-être un tout petit peu).

 

5 - C’est niais, stupide (intrigue).

Si vous examinez attentivement les scénarios, vous vous rendrez compte que les personnages sont beaucoup moins manichéens que leurs homologues américains. Ils ne sont jamais totalement bons ou mauvais. D’autre part, beaucoup de "sens" est perdu lors de la traduction qui est souvent faite à la légère. Ajoutez à cela une censure aberrante et vous comprendrez pourquoi les intrigues semblent incompréhensibles.

 

6 - C’est stupide, niais (humour).

L’humour variant selon les cultures, il est difficile pour un français d’apprécier les gags japonais. Beaucoup passent inaperçus car ils font souvent référence à la mythologie orientale, où se fondent sur des jeux de mots. Le "non-sens" ou les ruptures de ton abruptes plaisent énormément aux japonais, tandis qu’ici, ils passent pour être stupides.

 

7 - Les personnages se ressemblent tous.

Pour un néophyte, tous les personnages de manga et de dessins animés se ressemblent car il n’est pas habitué à ce type de représentation. De la même façon, deux tableaux cubistes paraissent identiques ou du moins dessinés par le même artiste à un œil non exercé. En outre le manga est tributaire d’une esthétique privilégiant la stylisation. Or, il n’existe pas des moyens infinis de réduire les traits du visage et la chevelure à des lignes simples. La mode intervient également au niveau du choix de telle ou telle stylisation. Dans le cas des anime la stylisation est extrême et impérative car le personnage doit être facilement "redessinable" par des équipes d’animateurs. Mais c’est le cas pour tous les dessins animés.

 

8 - Ils ont tous des grands yeux.

Il faudrait relativiser une affirmation aussi brutale, avant de remarquer que les "grands yeux" sont une "technique". Le regard étant le principal vecteur d’émotion, son hypertrophie permet de jouer sur une plus grande palette de sentiments. Ils donnent au personnage un aspect "néoténique" qui le rend sympathique. En gros, nous fondons tous devant l’ensemble "tout petit nez / tout petit menton / grands yeux / grosse tête ronde". D’ailleurs, les Schtroumpfs comme Mickey ont du perdre du nez et gonfler de la tête pour conquérir le public.

 

9 - C’est industriel (non artistique).

Comme dans tous les pays il y a des modes et des gens qui la suivent ; d’autres auteurs la créent. Mais à la base chacun est libre de dessiner ce qu’il veut. Il suffit juste de respecter les délais imposés par l’éditeur, comme partout ailleurs. Au Japon ils sont très courts car la B.D. y est très appréciée et qu’elle ne bénéficie pas du même type de diffusion. Il n’y a donc pas d’interaction entre le manga et l’industrie du jouet au niveau de la création. Ce n’est qu’après qu’interviennent les motifs commerciaux.

 

10 - C’est une invasion culturelle, commerciale.

Ni le manga, ni les dessins animés ne sont destinés à l’exportation. Que peut représenter, pour un éditeur japonais, la perspective de vendre quelques milliers d’exemplaires de plus, quand les ventes sur place se chiffrent en millions d’exemplaires ? En fait, les initiatives pour diffuser les manga viennent, dans la majorité des cas, des éditeurs occidentaux aguichés par un immense marché potentiel. Les prix des animés étant moindres au Japon, la plupart des chaînes de T.V. vont s’y approvisionner en programme pour enfants. Après cela. Peut-on vraiment parler d’invasion sans être hypocrite?!

Bounthavy Suvilay

Et comme tous les préjugés, ils sont bâtit sur le fait de généraliser des cas qui existent réellement : oui, il existe des dessin-animés japonais mal foutus, ou Gore, ou Porno, ou niais... Et même parfois tout à la fois. Mais s'est pareil dans le Cinéma, vous avez aussi des films niais, des films Gore, des films porno, des film tout pourris... Et pourtant vous voyez beaucoup de gens condamner le cinéma dans son ensemble pour cela ? Non... 

C'est malheureusement souvent un manque d'ouverture d'esprit, et c'est pour tenter de remédier (quand c'est possible : certains cas sont malheureusement incurables. ) à cela que je vous propose d'établir une petite liste de série Jap à proposer à ceux qui vous semblent assez sensible pour dépasser leurs propres préjugés sur la question.

Je vais les classer par genre et faire un Post à chaque fois. 

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(post en cour de rédaction, un peu de patience svp. )