Les japonais quand ils décident de faire de l'Art avec un grand A en matière d'animation, c'est pas de la gonflette ou de la vantardise... Comme souvent on peut voir ailleurs (pour ne pas dire ici en France) ou quand on fait de l'Art ou qu'on récompense un truc parce que c'est de l'Art... Parfois ça sert à excuser le reste : sujet mal maitrisé, technique boiteuse, manque de moyens... "Mais c'est pas grave tu vois, c'est un Style, c'est de l'Art ! Tu comprends ?"

Désolé mais moi non, je ne comprend pas... 

Car certains artistes ailleurs dans le monde arrivent à faire des choses réellement artistiques avec des sujets ou des supports qu'ici on considérerait comme ne pouvant pas être artistique, jamais, horreur ! Vade Retro ! 

Comme par exemple faire de la Com sur un anniversaire, de la pub quoi... Je plaisante pas hein ! Ici la pub ne peut pas être de l'Art avec un grand A, c'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle Sylvain Chomet a préféré laisser couler son studio en Ecosse car pour le sauver il aurait fallut :

(...)accepter des projets trop pauvres et inintéressants, comme des publicités ou des séries télévisées.

(Article complet ici.) 

Heureusement que d'autres artistes ne pensent pas comme ça... 

Et donc c'est le cas de Tekken (Nan ! Rien à voir avec le jeux ! Bande d'andouilles ! ), un comédien japonais plus connu pour ses animes de type Flip-book, entièrement faites à la main. Son style à lui c'est des histoires souvent tristes, basées en général sur une famille, avec un esprit très japonais.

Et pour les 140 ans du Shinano Mainichi Shimbun, un journal japonais, il a remis ça avec un film de 10mn sobrement intitulé Kazoku no Hanashi (l'histoire d'une famille). Et la particularité de ce film, la ou l'Art prend toute sa place : il a été entièrement réalisé et animé à la main... sur les rotatives d'impression du journal lui même !! 

Et voilà ce que ça donne (et pour les grands sensible, préparez vos mouchoirs. ) :

Maintenant la partie Making Of qui prouve qu'ils ont pas triché  :

Sincèrement ils auraient très bien pu faire semblant de faire tourner les machines, laisser un cadre blanc au milieu et insérer les images en post-compo via n'importe quel logiciel de montage.

Mais là, comme le sujet est à la base l’anniversaire du journal, il fallait non seulement que le journal soit un des éléments de l'intrigue du film (les coupures de journaux que le héros retrouve dans l'armoire) mais les machines du journal devaient servir physiquement à faire le film ! Dans leur esprit il était tout simplement hors de question de tricher, car cela aurait perdu une partie de son sens.

Après il faut rappeler que c'est un pays ou quand vous ouvrez une nouvelle usine, les prêtre shinto ou bouddhiste viennent souvent bénir les machines. Sans compter toutes les tendances animistes de l'ancien Japon qui prêtent une âmes à certains objets (les Tsukumogami). Ce qui fait qu'on comprend mieux pourquoi le journal lui même, pour son anniversaire, ne pouvait que participer à la fête...